Le samedi 7 octobre 2023, les travailleurs ont commémoré la journée mondiale du travail décent comme à l’accoutumée depuis 2008. Au Burkina Faso, la Confédération Syndicale Burkinabè a placé les ouvriers et ouvrières de la mairie centrale de Ouagadougou au cœur de la célébration avec notamment une formation à leur endroit à la bourse du travail.
«La CSB commémore aujourd’hui cette journée qui est très importante parce que nous pensons que nous pouvons construire un autre monde où le travail décent est une réalité pour tous surtout au Burkina Faso», a expliqué Guy Olivier OUEDRAOGO, Secrétaire général de la Confédération Syndicale Burkinabè.
À l’entendre, la CSB est composée de travailleurs du formel comme des travailleurs de l’informel. Dans la configuration du travail au Burkina Faso, les travailleurs de l’informel sont les plus nombreux et constituent 96%. «C’est au niveau de ce secteur de travail que nous avons le plus de déficit de travail décent. Ce sont des travailleurs qui ont des revenus très faibles et qui ne bénéficient souvent pas de protection sociale surtout la sécurité sociale, l’assurance maladie universelle. La CSB commémore aujourd’hui cette journée qui est très importante parce que nous pensons que nous pouvons construire un autre monde où le travail décent est une réalité pour tous surtout au Burkina Faso», ajoute M. OUEDRAOGO.
Selon la CSB, le choix des ouvriers de la mairie centrale de Ouagadougou a été fait en raison de difficultés auxquelles ces derniers font face depuis 2018. «Au niveau de l’économie informelle, nous avons découvert l’esclavagisme et l’esclavagisme a un visage qui était la mairie centrale de Ouagadougou où plus de 400 ouvriers étaient soumis à des conditions de travail difficiles, des salaires bas, pas de sécurité sociale, pas de santé sécurité au travail. Et ce sont des éboueurs/éboueuses, ce sont des cantonniers et des cantonnières qui travaillaient à engraisser la direction bourgeoise de la mairie centrale. Ils ont engagé un combat depuis le 8 octobre 2018, cela fait 5 ans qu’ils sont sur ce combat et nous les avons accompagné parce qu’ils ont adhéré à la Confédération Syndicale Burkinabè. Ils ont mené 90 jours de grève, ce qui est historique au Burkina Faso car le dernier record est de 52 jours qui avait été mené par le syndicat des enseignants de Haute-Volta», détaille M. Guy OUEDRAOGO avant de préciser que le bout du tunnel semble désormais proche car «les autorités ont décidé de prendre ce problème à bout le corps».
Le Secrétaire Général a saisi l’occasion pour lancer un appel aux autorités à trouver des mécanismes pour créer des emplois au profit des jeunes. Pour y parvenir, il exhorte les autorités à contrôler les flux financiers et à limiter l’entrée de certains produits au Burkina Faso sans oublier l’adoption d’un nouveau de travail favorisant les travailleurs. «Nous demandons au gouvernement de lutter contre les flux financiers illicites c’est à dire les fraudes douanières, les fraudes financières, tout ce qui es corruption afin que l’État puisse réunir le maximum de ressources afin de créer des emplois décents pour la jeunesse et ces emplois décents ne peuvent être une réalité que si nous faisons une lecture de ce que c’est que la mondialisation aujourd’hui. Il faut à notre avis arrêter l’entrée de certains produits au Burkina Faso afin de donner une chance à notre industrie nationale. Sur le volet des droits des travailleurs, nous attendons incessamment l’adoption du nouveau code du travail. Et cette fois-ci, le code du travail doit être en faveur des travailleurs. Le code du travail avait été fait en 2008 pour satisfaire le milieu des affaires (…) nous demandons à ce que le gouvernement adopte un code de travail favorable aux travailleurs. Sur la protection sociale, il faut l’extension de la sécurité sociale au niveau des travailleurs de l’informel et il faut operationaliser l’assurance maladie universelle pour tous. Et en ce qui concerne le dialogue social, il faut rétablir le haut conseil dans ses droits. Le haut conseil représentait l’héritage que nous ont laissé nos ancêtres à savoir que quand la pluie vous bat, ne vous battez pas, et c’est à cela que s’attelait le haut conseil du dialogue social», intercède-t-il.