Abdoul Karim Baguian dit Lota, est un chef d’entreprise, manager de joueurs, membre du Mouvement de la Libération (MDL). Il fut également le président de la commission mobilisation lors du meeting de soutien au Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR) à la place de la nation le 19 février 2022. Cinq (05) mois après le « manoeuvrage » de son leader « Paul Damiba », président du MPSR, qu’il soutient fermement, la rédaction de www.lessentiels.net a jugé qu’il était bien placé pour faire sa lecture de la « santé » du Burkina Faso, surtout sur le plan sécuritaire. Le vendredi dernier, face à face, l’occasion lui a donc été donnée pour se « lâcher ». Lisez !
www.lessentiels.net : Le président Damiba a tenu des propos le 20 mai dernier à Bobo-Dioulasso lors de sa rencontre avec les forces vives de la région des hauts bassins qui a choqué plus d’un. Je cite : « Si vous êtes forts, faites votre coup d’Etat, et gérez le pays comme vous voulez. »
Quelle est votre appréciation ?
Lota : Avant tout propos, permettez-moi de me prononcer à propos de cette nouvelle saison pluvieuse qui est tant attendu par la majorité des citoyens burkinabè. Je profite de votre canal pour implorer le bon Dieu à ce qu’il mette la baraka à cette saison pour qu’elle soit sans problèmes, sans difficultés et surtout une saison qui sera à la satisfaction de l’ensemble des burkinabè.
Maintenant pour revenir à votre question, il est tout à fait normal de rétablir les choses, parce que quand tu entends certaines personnes se prononcer sur la marche de la transition, j’ai comme l’impression qu’ils pensent que le président Damiba est issu d’un parti politique, ou qu’il a battu campagne pour être à la tête de notre pays. Le président Damiba et son gouvernement, ils ont effectué un coup de force pour une prise du pouvoir et je pense qu’un gouvernement de transition ne peut être comparé à un gouvernement qui a été démocratiquement élu. Par rapport maintenant à la sortie du président Damiba, si ma mémoire est bonne, cela fait maintenant plus de 5 mois qu’il est à la tête de notre pays et pendant tout ce temps il y a eu tellement de traque sur lui, il y a eu tellement d’humiliations, et d’attaques. Et en tant que militaire vous n’êtes pas sans savoir que, l’armée est un corps qui est sensible, un corps organisé, et hiérarchisée. Dans l’armée, c’est l’ordre, et quand tu es un chef militaire, ton seul travail, c’est d’ordonner les gens, c’est surtout donner des instructions. En tant qu’un militaire et en tant qu’un chef d’État issu d’un coup d’État, je pense qu’il a l’obligation et le devoir d’instaurer la fermeté, le respect et surtout l’autorité de l’État et moi je prends la chose comme cela. C’est en voulant instaurer l’autorité de l’État et la fermeté en lui qu’il a répondu de la sorte. Si vous dites, cela a choqué plus d’un, moi je ne fais pas partie de ces personnes, au contraire, je trouve qu’il devrait répondre mieux que de cette manière parce que quand on est un chef d’État, on doit corroborer cette autorité autour de soi même, le respect de soi. Donc pour qu’on puisse le respecter, il faut qu’à un moment donné, il sache donner les bonnes réponses aux bonnes questions.
Comment vous appréciez le contexte sécuritaire du Burkina Faso après l’avènement du MPSR ?
En tant que burkinabè, patriote, homme épris de paix, et en tant qu’un homme qui attend impatiemment que la quiétude revienne au Burkina Faso, je me dis qu’il est encore trop de juger le contexte sécuritaire depuis l’arrivée du MPSR, mais proprement parlant je reconnais avec humilité et honnêteté, que l’insécurité n’a pas totalement disparue dans notre pays. Il y a des efforts qui restent à faire, il y a des forces qui restent à aménager pour pouvoir parer ce mal qui n’arrête pas d’endeuiller notre nation. Mais en matière de stratégie je ne compare pas les gouvernements puisque qu’avec sept (07) années, le gouvernement Kaboré et son incompétent MPP ont contribué à enfoncer le pays dans le fond du trou et ceux-là ils viennent d’arriver il y a 5 mois de cela, donc il serait illogique de vouloir comparer les deux (02) régimes. Mais je dirai qu’avec l’avènement du MPSR, il y a une stratégie qui est mis en place. Ce n’est pas moi qui le dis, l’une des sorties du président Roch à son temps, il a même reconnu devant l’opinion nationale et internationale qu’il y a disfonctionnement au sein de notre armée. Et un pays où l’armée était dysfonctionnel, il fallait travailler à réformer cette même armée et il nous faut du temps. Pour le moment quand vous constatez le travail terrain, les nominations des chefs de corps, des différents commandements de l’armée, vous conviendrez avec moi qu’il y a un travail qui est fait. Pas plutard qu’hier, vous voyez les ratissages qui sont faits. L’exemple le plus récent est celui de la neutralisation d’un des chefs terroristes dans la boucle du mouhoun hier. Des ratissages à Madjagoari, Titao, etc. Donc il y a un sérieux travail qui est fait sur le terrain. Il faut que l’ensemble des burkinabè puissent parler le même langage, il faut que le peuple burkinabè accepte de s’identifier dans cette nouvelle transition et faire de telle sorte que les membres de la transition puissent avoir les forces nécessaires pour répondre aux aspirations des burkinabè.
Quelles attitudes les burkinabè devraient avoir face à cette gouvernance du MPSR donc ?
Il faut que chacun sache raison garder et prône le patriotisme. Il faut comme je l’ai dit plus haut que chaque burkinabè puisse s’impliquer positivement derrière ce gouvernement du MPSR puisqu’ils sont là avec une feuille de route qu’ils suivent et c’est au bout de trois (03) ans qu’on va les juger même si je suis d’accord qu’avant la fin de ce délai, le MPSR doit avoir un bilan répondant aux aspirations du peuple burkinabè. Je suis d’accord que certaines personnes qui ont de la notoriété et de l’aura doivent travailler à jouer leur rôle de veille mais en faisant des critiques constructives pour la bonne marche de la transition.
Dans un entretien avec nos confrères de B24, le 24 avril dernier, vous affirmiez : »il est temps que ces gens-là s’asseyent à la maison et jouez le rôle de baby-sitter auprès de leurs petits fils et de leurs petites filles en donnant des conseils à leurs enfants et les encadrer dans leurs activités et surtout jouer le rôle de sage et de patriarche. » En précisant donc que leur temps est révolu. Mais on constate que dans le gouvernement actuel comme à l’Assemblée Législative de la Transition (ALT), qu’il y a des »vieux loups ». Quelle lecture faites-vous de cette attitude du MPSR ?
Je suis loin d’être un douanier pour dédouaner des gens mais je dirai que ce n’est nullement pas la décision du MPSR, il y a eu un projet de charte qui a été élaboré par l’ensemble des burkinabè, je veux dire, ceux-là qui ont représenté les burkinabè. Il y a même eu une assise nationale où toutes les couches ont été représentées, et c’est à l’issue de cette assise que la décision est sortie. Maintenant, dire qu’il faut travailler en se démarquant de certains burkinabè, c’est un comportement divisionniste, un comportement et je ne me reconnais pas dedans. J’ai tout simplement dit qu’il y a certaines responsabilités dans ce pays que certains doivent avoir l’humilité de se mettre à l’écart, parce qu’il y a un système qui a été mis en place depuis 1987 entre des amis, des copains et des promotionnaires. Les mêmes qui ont profité avec le président Blaise Compaoré, ce sont les mêmes qui ont continué avec le président Roch Kaboré qui a été déchu par le MPSR. Donc il est inconcevable et inacceptable que ces mêmes-là veulent encore profiter du pouvoir actuel. Dans quel sens ? Parce qu’il faut que je m’explique. Quand je parle de profiter, même en matière d’intellectualité et en matière de savoirs, à un moment donné, il y a un adage en mooré qui dit que : celui-là qui peut monter les escaliers en courant, à un moment donné, il ne peut que monter qu’en rampant, donc, il y a un temps pour chaque chose. Vous ne pouvez pas être dans les affaires quand vous avez moins de 30 ans et aujourd’hui, vois avez plus de 60 ans et vous voulez toujours occuper les mêmes postes de responsabilités. Il est inacceptable et c’est une insulte à l’égard de la jeunesse. Quand vous prenez l’exemple avec les opérateurs économiques, les mêmes commerçants qui ont toujours eu les mêmes avantages avec le président Blaise Compaoré, ce sont les mêmes-là qui ont profité avec le président Roch, et aujourd’hui vous allez voir que ce sont les mêmes comme ils n’ont plus les mêmes intérêts avec les nouvelles autorités, qui sont en train de travailler à contre-courant à monter les populations contre les nouvelles autorités. Tout simplement parce qu’ils ne trouvent pas leurs intérêts, et c’est lâche et c’est vraiment irresponsables et inacceptables, donc il est temps que cela prenne fin. Je ne suis pas en train de dire que certaines personnes âgées ne peuvent pas contribuer au développement du pays. Mais il y a certaines responsabilités qu’ils doivent accepter se démarquer et laisser la nouvelle génération apprendre et s’impliquer pour le développement de notre pays.
Le bimensuel burkinabè » L’événement », dans sa parution du 10 mai 2022, vous accusait (avec d’autres citoyens) d’avoir reçu la somme de 32 millions pour mobiliser la population et les militants lors du meeting de soutien au MPSR le 19 février dernier. Que répondez-vous à ces allégations ?
Ça allait m’étonner que nous finissions cette entrevue sans que vous n’évoquiez cet aspect. Et même si vous ne le fassiez pas, j’allais me prononcer parce que c’est un canal assez important où je peux avoir l’opportunité de répondre à mes détracteurs.
Vous savez quand on est populaire, ou quand on devient une tête d’opinion, certaines personnes ou structures qui ont l’image éteinte veulent utiliser votre image qui rayonne pour refaire surface, et vous savez qu’avec l’avènement des réseaux sociaux, les presses écrites ne font plus affaires, certaines personnes ne s’intéressent plus aux journaux écrits. Donc à un moment donné, avec l’intelligence qui les anime, il faut qu’ils s’appuient sur des gens qui ont l’aura et une certaine crédibilité, qui ont une visibilité pour pouvoir refaire surface et dans le même sens vendre leurs journaux. Ça c’est dans un premier cas. Le 2e cas, vous savez que je suis un jeune qui s’est toujours assumé. J’ai dit que j’ai pris la décision de soutenir le MPSR, vaille que vaille, c’est ce que j’ai dit et je l’assume. Mais soutenir le MPSR ne veut pas dire que je vais les suivre comme un mouton avec une corde ou les suivre aveuglément. A un moment donné, s’ils déroutent, je prendrai mes responsabilités avec les 2 mains et les interpeller. Donc du fait que tout le monde me connaît par mon engagement, ma loyauté et ma force d’esprit, d’accompagner ce que je crois, il faut que certaines personnes essaient de nuire à mon image tout en oubliant que ce n’est pas à n’importe qui on peut le faire. Ceux qui parlent de 32 millions, je sais que certains burkinabè n’ont pas eu la chance de savoir ce que c’est qu’un million, d’ailleurs, ils n’en connaissent pas. Ceux qui connaissent l’argent savent que 32 millions n’est pas du cola du PPS pour distribuer à la belle famille. Ce n’est ni aussi des cacahouètes où il faut sortir à la cour de récréation pour payer. On parle en termes de millions. Est-ce que vous pensez que c’est normal qu’on prenne 32 millions donner à un individu ? Il faut que ça s’arrête, c’est des détracteurs et pour le journal de »L’évènement », sincèrement, j’ai honte à leur place. Pour un journal de leur niveau, je pense que ça allait être mieux de chercher des informations pertinentes. Quand vous lisez l’entièreté de son écrit, c’est un chiffon, il ne dit rien de bon. Il dit qu’il paraît. Ils disent même que c’est 102 millions et moi Lota, j’ai pris 32 millions. Il faut qu’on soit sérieux, il faut qu’on apprenne à grandir, et il faut qu’on se démarque de certains esprits de petitesse. Je le dis et je le redis, l’esprit que j’ai présentement, je suis préparé pour ces accusations. J’ai décidé d’être un jeune engagé, un patriote engagé et m’aligner sur la vérité, donc ce ne sont pas des conneries de ce genre, d’un journal en passe d’être oublié qui tente de produire ces types d’allégations qui peut me causer des problèmes.
Quel est votre mot de fin ?
C’est d’abord de vous féliciter pour l’engagement et la recherche des versions divergentes, pour mieux éclairer l’opinion publique.
Je lance un appel solennel à l’ensemble des burkinabè à ce qu’on se penche sérieusement sur la réconciliation nationale. La réconciliation nationale aujourd’hui, exige à ceux qui sont pro-Sankara, Norbert Zongo, Blaise Compaoré, comme Roch Marc Christian Kaboré, et MPSR de Damiba de s’asseoir sur la même table, laisser leur divergences, leur différences et orgueils, leurs intérêts personnels et discuter franchement. Je le dis et je le répète, une réconciliation ne se fait pas avec soi-même, mais obligatoirement entre deux (02) Individus et pour que cette réconciliation soit une réalité, il faut que chacun sache raison garder pour le devenir de notre pays et pour l’intérêt général de nos progénitures et de nos jeunes frères, qui à un moment donné vont prendre les rênes de ce pays.
Je demande à tout un chacun de faire preuve de sagesse, de patriotisme pour que qu’on puisse aller très rapidement à la réconciliation nationale et travailler de telle sorte pour que le Burkina Faso ait un avenir radieux et meilleur.