Les élections consulaires pour la Chambre de Commerce et d’Industrie du Burkina Faso (CCI-BF) se tiendront dans quelques mois. La rédaction de votre média, www.lessentiels.net a tendu son micro à M. Léon Nikiema, un opérateur économique par ailleurs Secrétaire Général de l’Association des Librairies du Burkina Faso. Découvrez dans les lignes qui suivent le contenu de cet entretien riche en informations.
www.lessentiels.net : Pourquoi la décision d’évoluer dans le secteur privé, au détriment du public (gouvernement) ?
Léon Nikiema : Alors moi, j’ai décidé d’évoluer dans le secteur privé, parce que tout simplement, je veux être indépendant. Tout d’abord, économiquement et au-delà pour mes activités sociales. Je me vois mal derrière un bureau, derrière une chaise pendant deux (02), trois (03) heures avec toutes les contraintes et pressions possibles. En gros, disons que je veux être actif, je veux servir et à commercer par moi-même, c’est la principale raison.
Vous êtes actuellement indépendant, ce qui était d’ailleurs votre souhait, mais quel est votre domaine d’activités ?
J’évolue dans le milieu de la librairie, papeterie dont la vente de fourniture de bureaux, les consommables informatiques, le Secrétariat public et les fournitures scolaires et les produits d’entretien.
On remarque de par votre parcours, que vous avez débutez dans l’informel, qu’est-ce qui a motivé la décision de formaliser votre entreprise (l’informel vers le formel) ?
Il faut dire que c’est depuis 2006 que j’ai basculé de l’informel vers le formel. Il se trouvait que l’informel me limitait dans certaines activités, tel que la postulation à un marché surtout public qui exige des documents.
Dans le cadre de vos activités, il vous arrive d’occuper l’espace ou le domaine public. Avez-vous des arriérés dans le payement de vos taxes d’occupation du domaine public ?
Je ne peux pas dire dans ce sens que je suis réglo. C’est de l’imposition annuelle et même si je ne le fais pas à temps, je travaille toujours à m’acquitter de mes taxes. C’est très rare de me voir condamner par les impôts pour arriérés de payements. Nous sommes membres des responsables du secteur privé et nous travaillons toujours à donner l’exemple et aussi profiter des papiers en temps voulu.
Qu’est-ce que vous pensez des taxes d’occupation de la voie publique gérées par la mairie ?
Les taxes d’occupation de la voie publique est une très bonne chose si elles sont bien gérée et utilisées aux fins prévues. Cette année, elles ont connu une explosion contribuant à paralyser les commerçants. Je prends l’exemple de cette année où certains qui payaient 30.000 F CFA à 35 000 F CFA d’impôts se retrouve à payer 80.000 ou 85.000 F CFA. Ce qui pourrait frustrer et ce n’est pas bon. Si non payer sa taxe d’occupation de la voie publique devrait être une fierté pour tout citoyen soucieux du développement de sa localité. Donc nous demandons à la mairie de veiller à faire une bonne exploitation des taxes d’occupation du domaine public pour le bonheur des citoyens.
Votre message à l’endroit des commerçants ou tout individu évoluant dans le secteur privé pour ce qui est de l’acquittement des taxes communales ?
Je demande aux contributeurs de veiller à être en règle vis-à-vis de leurs obligations car c’est comme je l’ai dit les taxes communales sont une très bonne chose si elles sont utilisées à leurs fins. Seulement, il ne faudrait pas que certains agents percepteurs abusent de leurs pouvoirs.
J’appelle tous les commerçant à s’acquitter de toutes leurs taxes, pour mener sans représailles leurs activités et surtout jouir des avantages.
Quel est l’appui que vous accordez à vos jeunes frères qui ont décidé d’emboiter vos pats dans l’entrepreneuriat ?
Vous savez, l’entrepreneuriat n’est pas comme dans l’administration publique ou depuis le concours on a déjà une feuille de route. L’entrepreneuriat c’est un don de soi, une abnégation au travail. Si tu décides de te lancer, il faut prendre les dispositions nécessaires pour éviter les découragements. Il faut surtout bien se renseigner avant d’entreprendre.
Je conseille très souvent à mes jeunes frères qui veulent se lancer de toujours commencer avec leurs propres moyens avant de se tourner vers les fonds car c’est plus sûr de persévérer que de mettre son espoir sur les financements. On commence et on réfléchit à l’amélioration avant de se diriger vers les fonds d’appui de l’Etat. Parce que vous remarquerez au niveau de la maison de l’entreprise que plus de 40% des entreprises, créées sous forme de fond et d’accompagnement sont vouées à l’échec. Parce que ceux qui arrivent à persévérer dans l’entrepreneuriat, ce sont ceux là même qui sont déjà dans l’activité et qui ont décidé d’améliorer leurs initiatives ou entreprises. C’est ça moi j’appelle entrepreneuriat. Si non compter sur les fonds et les financements pour démarrer son entreprise, je ne suis pas très sûr que ça puisse marcher.
Il faut aussi toujours chercher à innover pour se démarquer des autres et pouvoir se faire une place dans le domaine. A ce niveau, il faut avoir un esprit fort pour surmonter les obstacles.
Enfin, je demande à ceux qui sont dans l’informel de prendre les dispositions nécessaires, bien se renseigner avant de basculer vers le formel pour éviter les surprises désagréables, surtout les multiples taxes.
Que pensez-vous de l’organisation du dialogue Etat-Secteur privé ?
J’ai participé à plusieurs reprises à ces rencontres d’échanges Etat-Secteur privé qui se tiennent chaque année à Bobo-Dioulasso mais je dirai que c’est vraiment un cadre idéal pour le secteur privé de s’exprimer. De ce cadre, les participants en l’occurrence les commerçants questionnent le gouvernement qui à son tour apporte les réponses et des recommandations sont faites dans le milieu du secteur privé.
Mais il se trouve que souvent ce qui se dit à Bobo, ne reflète pas ce qui se passe sur le terrain. Les préoccupations sont multiples et je trouve difficile qu’en deux, trois jours, on puisse tout parcourir et apporter des réponses idoines.
Je demande que le temps imparti pour les rencontres soit revu à la hausse pour le bonheur des participants.
Moi particulièrement, je fais très souvent l’effort de faire un suivi personnel auprès des structures dont les recommandations ont été faites et m’assurer que ces recommandations ont été prises en compte ou appliquées.
Je suggère au gouvernement de veiller à créer d’autres cadres d’échanges même si ce sera juste avec les premiers responsables pour permettre d’approfondir les discussions et les échanges. Il faut surtout travailler en symbiose avec le secteur privé.
Pensez-vous que les principales préoccupations et recommandations spécifiques du secteur privé trouvent des réponses adéquates à l’issue des rencontres ?
Même si ce n’est pas toutes les préoccupations, nous constatons que certaines sont prises en compte, c’est pourquoi je demande à ce que les travaux dans les régions soient renforcés pour maximiser la chance de venir à bout des préoccupations des acteurs du secteur privé.
C’est comme j’ai dis auparavant, je fais l’effort de vérifier le niveau de mise en œuvre des recommandations auprès des structures concernées.
En tout cas je ne peux pas donner une note de satisfaction, mais je pense que si améliorations, il n’y avait pas, ces retrouvailles seraient inutiles.
Qu’est-ce que vous pensez des élections consulaires, au-delà de la chambre de commerce elle-même. ?
La chambre de commerce et d’industrie du Burkina a été créée en 1948, donc depuis plus de 70 ans, et c’est vraiment la « maison » des commerçants. Moi je pense que cette chambre doit être la mieux organisée et la mieux structurée sur tous les plans, que ce soit sur le plan organisationnel, financier, que ce soit sur l’organisation du secteur privé lui-même.
C’est par mon constat une structure très bien organisée.
Pour ce qui est élections, je pense qu’elles vont permettre comme toute élection de mettre les candidats et les partis sur un pied d’égalité et surtout de renforcer l’ancrage de la démocratie.
La phase d’inscription sur les listes électorales comptant pour les élections consulaires, prévues dans quelques mois a déjà débuté. A ce jour, pouvez-vous nous dire si vous allez ester pour un poste quelconque ?
Pour le moment c’est trop tôt de me prononcer sur ce sujet. Je ne peux pas dire si je serai candidat ou pas. Mais j’invite les commerçants à s’intéresser aux postes et à participer activement aux élections en déposant leur candidature parce que pour moi, ils ne doivent pas ignorer leurs cadres d’expressions et s’intéresser à d’autres qui n’ont pas un lien direct avec leur secteur.
En tout cas je les encourage mais pour le moment je ne peux pas vous donner une réponse claire sur ma position à propos des postes. Parce que c’est l’avenir, donc le processus qui va encadrer ces élections qui va décider. Si le processus répond aux normes, là peut-être je peux déposer ma candidature pour un poste dont je préfère garder le suspens mais si le processus électoral ne respecte pas les normes, je pourrai moi-même dénoncer les failles pour que les élections soient transparentes et équitables. Je pense que c’est le secteur privé qui gagne si elles (les élections) se passent dans les normes et dans de bonnes conditions.
Mot de fin ?
Pour clore ces échanges si précieux pour moi, je m’adresse d’abord aux premiers responsables des communes, régions, d’avoir une oreille attentive sur ce qui se passe dans le secteur privé. Ils pourraient créer d’autres cadres même si ce serait dans les quartiers pour mieux assainir le milieu du privé.
Vous n’êtes pas sans savoir que les petits commerçants occupent à eux seuls plus de 75% de la population active. Ils sont ainsi les plus nombreux, les moins soutenus et les plus marginalisés à constater. Je demande à l’Etat de voir dans quelle mesure assouplir leurs contributions aux impôts parce que si pour un commerçant qui a un chiffre d’affaires de cinq cent mille F CFA (500.000 F CFA), doit payer environ cent cinquante mille (150.000 F CFA) voire deux cent mille (200.000 FCFA), c’est comme si vous lui tender une clé pour fermer son entreprise. Je les demande surtout d’être attentifs, cléments à l’endroit de cette marge de la société et de soutenir le secteur privé parce qu’elle est pourvoyeur d’emploi.