»La France esclavagiste, colonialiste, néocolonialiste et raciste accuse l’Afrique d’ingratitude. Quelle ironie! C’est l’hôpital qui se moque de la charité. Plutôt que d’exiger des remerciements, Paris devrait plutôt envisager d’implorer le pardon des Africains pour les souffrances infligées depuis plusieurs siècles.
Lundi, devant les diplomates français, le président Emmanuel Macron a de nouveau affiché à la face du monde son arrogance et sa condescendance envers l’Afrique.
Affirmer que sans l’intervention militaire française dans le Sahel, certains chefs d’État ne seraient pas à la tête de pays souverains est une insulte aux milliers de soldats africains qui combattent jour et nuit depuis plus d’une décennie pour protéger les populations et préserver l’intégrité de leurs territoires face à des terroristes armés par des pompiers-pyromanes.
Jupiter peut-il véritablement parler de reconnaissance ou de remerciements envers la France ces dernières années ? La présence militaire française au Mali, au Burkina Faso et au Niger a-t-elle mis fin au terrorisme ?
Assurément non ! Sans l’intervention des chefs d’Etat de ces trois pays, ils seraient probablement sous les contrôles de terroristes et de valets locaux à sa solde.
Pourtant, en décembre 2021, des chefs d’État africains se sont inclinés à Pau devant les tombes de soldats français tombés au Sahel. Que fallait-il faire de plus ? Les hommages aux morts ne valent-ils pas davantage que de simples remerciements ?
Le président Macron avait alors exigé que ces dirigeants justifient la présence des troupes françaises dans leurs pays. N’est-ce pas suffisant pour témoigner de la reconnaissance ?
En 2015, des dirigeants africains s’étaient rendus à Paris pour exprimer leur solidarité après l’attentat contre Charlie Hebdo.
Depuis, aucun responsable français n’a fait le déplacement pour rendre hommage aux victimes africaines des attaques terroristes.
L’histoire témoigne pourtant de l’apport décisif de milliers de soldats africains à la libération de la France lors des deux guerres mondiales.
Un sacrifice que la France a non seulement minimisé, mais souvent ignoré.
Le massacre de Thiaroye, en 1944, où des tirailleurs africains furent abattus pour avoir réclamé leur solde, reste une cicatrice non refermée. Y a-t-il eu, depuis, un début de reconnaissance ?
Par la suite, la France a laissé mourir la plupart de ces anciens combattants avant d’octroyer de maigres pensions aux rares survivants ou à leurs ayants droit.
Que peut-on attendre d’un pays qui a pratiqué l’esclavage, la colonisation, les travaux forcés, le néocolonialisme, les coups d’État, les rébellions, les guerres civiles et maintenant le terrorisme ?
Que peut-on attendre d’un président qui, depuis huit ans, détruit progressivement son propre pays et marginalise une partie de sa population ?
Les promesses de nouveau partenariat bâties sur la vérité, la repentance et le respect mutuel, formulées par Emmanuel Macron au début de sa présidence à la jeunesse africaine, sont restées des vœux pieux.
En lieu et place, La Françafrique, bien que discrète, perdure à travers des institutions infiltrées et des relais locaux de l’impérialisme.
Les présidents Ibrahim Traoré, Assimi Goïta et Abdourahamane Tiani ont pris très tôt la pleine mesure de la situation et ont engagé leurs pays sur le chemin de la souveraineté, du respect et du développement.
Toutefois, ces dirigeants doivent rester vigilants. Une lionne blessée n’en est que plus redoutable, surtout lorsqu’elle prévient qu’elle ne s’est pas retirée, mais qu’elle se réorganise. » (AIB)
L’essentiel (www.lessentiels.net)