
Le co-fondateur de la Société Faso Tomate (SOFATO), Arba Abdoulaye, a animé ce samedi 20 septembre 2025 une conférence de presse à Ouagadougou pour « éclairer l’opinion nationale » sur ce qu’il qualifie de dérives judiciaires autour d’un dossier qui oppose depuis près de deux ans la société qu’il a créée à Nignan Abdoul Aziz, présenté comme directeur de SOFATO.

L’affaire débute en novembre 2023. Ce jour-là, Arba dit avoir saisi le tribunal de Ouagadougou I pour dénoncer « l’usage de faux, l’imitation de signature et la falsification du procès-verbal de création de SOFATO » par M. Nignan. Après une longue attente, le plaignant affirme avoir reçu, le 20 août 2025, la notification d’un classement sans suite, au motif d’« absence de preuves ». Une décision qu’il conteste fermement « Nous n’avons jamais cessé de fournir des éléments, et c’est précisément de nouvelles preuves que nous avons déposées le 21 août, ce qui a conduit à la relance de l’enquête. » Selon ses explications, un substitut du procureur aurait effectivement rouvert le dossier et confié l’affaire à la Police économique et financière qui a auditionné Arba lui-même, ainsi que deux témoins, les nommés Zida Salifou et Belem Seydou. Mais à la surprise générale, un autre substitut du procureur, « qui n’était pas à l’origine de cette relance », aurait ordonné dès le 1er septembre l’arrêt pur et simple de la procédure. « Nous avons été notifiés oralement par la police, sans aucun document écrit, et depuis, nos multiples démarches auprès du parquet sont restées sans réponse », regrette Arba, qui dénonce un « non-respect manifeste des règles de procédure ». Au-delà de la bataille judiciaire, le fondateur de SOFATO met également en cause la gestion de l’entreprise. Selon lui, la société est aujourd’hui dirigée par un « usurpateur » qui aurait profité de sa position pour améliorer son train de vie personnel, sans que les actionnaires n’en perçoivent les bénéfices. « Aucun dividende n’a encore été versée, alors que M. Nignan est déjà à sa énième voiture et vient de s’offrir une villa R+. Nous avons demandé un audit des comptes en 2023, mais jusqu’à présent rien n’a été fait », s’indigne-t-il. Pour Arba, si la situation perdure, c’est l’avenir même de SOFATO qui est en péril, avec des conséquences directes sur l’initiative d’actionnariat populaire portée par les autorités de la Transition.
Face à ce qu’il qualifie de « manœuvres visant à enterrer la vérité », Arba Abdoulaye a tenu à interpeller directement le président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré. « Excellence, vous êtes le premier magistrat du pays, le meilleur avocat de tous les Burkinabè. Nous vous sollicitons pour que justice soit rendue dans toute sa rigueur », a-t-il lancé, appelant également à un regard attentif sur la gestion interne de SOFATO.
Craignant pour sa sécurité, Arba dit enfin vivre depuis le 1er août sans plaques d’immatriculation, après que des individus non identifiés ont photographié son véhicule en circulation à Ouagadougou. « Je prends mes responsabilités en parlant, mais je demande à chacun de comprendre que ce combat dépasse ma personne. Il s’agit de la vérité, de la justice et de l’avenir d’une société qui doit rester une fierté nationale. »