
Sorgho/Zinsonné Félicité Marie Lucile
Institut des sciences des sociétés/CNRST, Burkina Faso

LES FAITS SAILLANTS
| – Un tiers de 18 pratiques civiques et citoyennes prometteuses capitalisées est qualifié de pratiques en lien entre elles ou pratiques « systèmes »; | |
| – Plus d’un tiers de 18 pratiques civiques et citoyennes prometteuses capitalisées sont considérées comme étant des pratiques spécifiques ; | |
| – Moins d’un tiers de 18 pratiques civiques et citoyennes prometteuses est désigné comme étant des pratiques présupposées ou de référence. |
| INTRODUCTION |
Les bonnes pratiques interviennent dans plusieurs domaines comme solutions pour venir à bout de certains problèmes rencontrés (. De ces domaines, on peut citer la santé, l’agriculture, la société… Dans l’étude financée par le Fonds National de la Recherche et de l’Innovation pour le Développement (FONRID) et conduite par l’Institut des sciences des sociétés du Centre National de Recherche Scientifique et Technologique (INSS/CNRST), sur « les bonnes pratiques civiques et citoyennes dans les enseignements post primaire et secondaire », les pratiques désignent « des actions, des actes, des méthodologies ou d’autres manières de savoirs agir dans le transfert des habiletés personnelles et sociales, mais non encore validées par une étude pilote » (Sorgho/Zinsonné, 2024, p.264 ; Fayama et Belo, 2021 ; INSS/CNRST, 2016 ; INPES ; 2018 ; Borgia, 2018 ; Kola, 2016). Cette étude traite de la problématique du vivre ensemble dans l’objectif d’identifier des pratiques civiques et citoyennes prometteuses pour lutter contre l’incivisme qui sévit au Burkina Faso depuis l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014. Sa mise en œuvre a permis de documenter un certain nombre de pratiques sur lesquelles les participants ont donné leurs représentations voire leurs perceptions quant à la symbolique que chaque pratique véhicule (Bergeron, Prud’homme et Rousseau, 2019). Ces représentations regroupées en trois types (des pratiques dites « système », des pratiques dites « de référence » et des pratiques spécifiques) permettent de comprendre pourquoi les pratiques sont utilisées dans les établissements pour lutter contre l’incivisme.
| 1. APPROCHE METHODOLOGIQUE |
Quatre-vingt-dix-neuf (99) entretiens ont été réalisés à l’aide de canevas d’entrevue issus de 52 focus groupes et 47 entretiens individuels. Les groupes-cibles ayant participé à l’étude ont été les enseignants (groupe-cible principal de l’étude : 20 focus groupes), les élèves (19 focus groupes), les parents d’élèves (13 focus groupes), les chefs d’établissement (20 entretiens individuels), les leaders coutumiers, religieux et d’organisations de la société civile (16 entretiens individuels), les responsables administratifs du ministère de l’éducation (11 entretiens individuels). Les représentations ont été analysées à partir des 99 entretiens. Vingt-deux (22) établissements post primaire et secondaire ont concerné l’étude : sept (7) établissements publics et quinze (15) établissements privés. Les établissements privés se composent de quatre (4) établissements laïcs, cinq (5) établissements catholiques, trois (3) établissements protestants et trois (3) établissements musulmans. L’étude a concerné les régions du centre, du centre ouest et des hauts bassins.
| 2. RESULTAT NO 1 : DES PRATIQUES « SYSTEME » OU EN HARMONIE ENTRE ELLES |
Six (6) pratiques civiques et citoyennes prometteuses sur dix-huit, (soit 33,33%) identifiées et documentées par l’équipe de chercheurs, ont été considérées par les participants comme étant des pratiques systèmes. Ce sont : i) le b.a.-ba du Bonjour, du Merci et du Pardon (BMP), ii) la plateforme Kafika, iii) le parent exemplaire, iv) l’élève exemplaire, v) l’enseignant ou le professeur exemplaire, vi) l’établissement clôturé et aménagé. Il s’agit de pratiques qui s’articulent autour de la cohésion sociale et qui représentent le « ciment » du vivre ensemble dans le respect des autres. Ce sont elles qui entrent dans la composition de la technologie construite pour lutter contre l’incivisme à travers le projet d’établissement. La mise en œuvre adéquate du système exige de la bienveillance et de la régularité dans les actes. Cette mise en œuvre doit se réaliser concomitamment. Ce qui implique que les six pratiques doivent être déployées en même temps.
| 3. RESULTAT NO 2 : DES PRATIQUES « SPECIFIQUES » |
Huit (8) pratiques civiques et citoyennes prometteuses sur dix-huit (soit 44,44%), identifiées et documentées par l’équipe de chercheurs, ont été considérées par les participants comme étant des pratiques spécifiques. Les pratiques spécifiques à l’instar des pratiques de références, sont indépendantes les unes des autres. Leur adoption au sein d’un établissement répond aux problèmes spécifiques vécus auxquels l’établissement souhaite trouver des solutions correspondantes. Ces pratiques sont: i) Le journal scolaire, ii) la notation des parents, iii) la fête du bœuf, iv) Educ’Acteur, v) le livret scolaire, vi) la cellule civisme, vii) le jardin agroécologique et viii) le conseil des sages.
| 4. RESULTAT NO 3 : DES PRATIQUES « DE REFERENCE » |
Quatre (4) pratiques civiques et citoyennes prometteuses sur dix-huit (soit 22,22%) des pratiques civiques et citoyennes prometteuses identifiées et documentées par l’équipe de chercheurs, ont été considérées par les participants comme étant des pratiques de référence. Ces pratiques de référence déterminent des principes de bases théoriques. Elles sont vues par les participants à l’étude comme servant de pratiques idéologiques sur lesquelles s’alignent les principes adoptés pour l’établissement qui s’inscrit dans un projet de lutte contre l’incivisme. Chaque établissement adopte une, deux ou l’ensemble de ces 4 pratiques pour orienter la devise de sa propre détermination. Ces pratiques sont : i) la méthode triangulaire, ii) la convention diagnostic, iii)le principe d’immédiateté et iv) la montée des couleurs.
| CONCLUSION |
Les perceptions des participants donnent leur signification aux pratiques mises en œuvre au sein des établissements. Trois groupes déterminent ces perceptions. Il y a le groupe des pratiques « système », le groupe des pratiques de référence et le groupe des pratiques spécifiques. L’analyse des perceptions sur ces groupes, ressort que chaque groupe, au regard de l’ampleur de l’incivisme qui sévit et des problèmes vécus, joue un rôle important dans la lutte contre l’incivisme.
Le groupe de pratiques « système se prête à une mise en œuvre permanente de la lutte durable contre le mal à conditions que les pratiques prometteuses se passent au quotidien, qu’elles soient adoptées par tous les acteurs et dans tous les milieux. Le groupe de pratiques spécifiques vient compléter le groupe système dans la lutte à travers la mise en œuvre de pratiques visant à résoudre des problèmes spécifiques. Le groupe de pratiques de référence quant à lui, sert de base théorique sur laquelle repose la conviction des acteurs prêts à mettre en œuvre le groupe des pratiques « systèmes » pour lutter contre l’incivisme.
| RECOMMANDATIONS Aux chefs d’établissement : Aider à faire le bon choix des pratiques civiques et citoyennes en fonction des objectifs poursuivis dans la lutte contre l’incivisme dans l’établissement. Aux enseignants : Choisir et appliquer les pratiques civiques et citoyennes en fonction des rôles et de l’importance assignés à chaque pratique. |
REMERCIEMENTS
A tous les élèves, enseignants, responsables et personnels des établissements, aux parents d’élève, aux membres de la société civile, aux leaders coutumiers religieux, nous adressons tous nos remerciements sincères.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
BERGERON Geneviève, PRUD’HOMME Luc et ROUSSEAU Nadia, 2019, « Illustrations, apports et limites d’une posture inductive en recherche-action-formation: L’induction dans les méthodes de collecte et d’analyse des données », érudit.org. Volume 6, numéro 1, hiver 2019, URI : https://id.erudit.org/iderudit/1060043ar DOI : https://doi.org/10.7202/1060043ar.
BORGIA Diane, 2018, Caractéristique essentielle au savoir-faire de l’intervenant : Le savoir-être. Education spécialisée.
FAYAMA Tionyélé et BELO Adiola, 2021, « Regard sociologique du phénomène d’incivisme routier et scolaire dans la ville de Ouagadougou », revues.acaref.net pp. 99-112.
INSTITUT NATIONAL DE PREVENTION ET D’EDUCATION POUR LA SANTE (INPES), 2018, Référentiel de bonnes pratiques: Comportements à risque et santé : agir en milieu scolaire. Sous la direction de Martine Bantuelle René Demeulemeester. https://www.educasante.org/wp-content/uploads/2018/07/ComportRisque.pdf.
KIMA, Olivier, 2018, Crise de l’éducation au Burkina Faso, URL : https://www.mediaterre.org/afrique-ouest/actu,20180214113444.html.
KOLA, Etienne, 2016, « Faire de la philosophie avec les enfants africains à partir du fond culturel endogène : piste d’un renouveau éducatif en Afrique ». Laval théologique et philosophique, 72 (2), 261–271. https://doi.org/10.7202/1039297ar.
SORGHO/ZINSONNE Félicité Marie Lucile, 2024, « Que pensent les acteurs de l’éducation des pratiques civiques et citoyennes prometteuses capitalisées pour contrer l’incivisme dans les enseignements post-primaire et secondaire du Burkina Faso? » Socio texte revue de sociologie de l’Afrique littéraire ISSN 2518-816X No 14, décembre 2024, p. 263- 273.
| Ce document est tiré de l’article scientifique écrit par : SORGHO/ZINSONNE Félicité Marie Lucile, 2024, « Que pensent les acteurs de l’éducation des pratiques civiques et citoyennes prometteuses capitalisées pour contrer l’incivisme dans les enseignements post-primaire et secondaire du Burkina Faso? » publié dans Socio texte revue de sociologie de l’Afrique littéraire ISSN 2518-816X No 14, décembre 2024, pp. 263- 273. |
