Gestion hygiénique des menstrues : Le REFFOP sensibilise les élèves de deux établissements de Nagreogo.

Ce jeudi 15 juin 2023, le Réseau des Femmes de Foi pour la Paix au Burkina Faso (REFFOP_BF) a tenu une conférence publique sur la gestion hygiénique des menstrues en milieu scolaire à Nagreogo, commune située à une cinquantaine de km de Ouagadougou. Cette rencontre qui s’inscrit dans le cadre de la mise en oeuvre du projet «Sang Tabou» vise à renforcer les connaissances des élèves sur la question des menstrues à la suite d’ateliers de formation et causeries débat initiée depuis le début de l’année scolaire en cours.

Plus d’une centaine d’élèves issus du lycée départemental et du Collège d’enseignement général (CEG) de Nagreogo se sont mobilisés dans la salle de conférences de la mairie de Nagreogo. Accompagnés de leurs encadreurs, les élèves ont montré leur intérêt autour de la question durant la conférence animée par l’infirmier chef de poste central de la commune de Nagreogo Amado Sawadogo. Pour la présidente du REFFOP Marie Odile TRAORE/DOLOMWEOGO, la satisfaction est totale. «Au regard de la salle pleine avec l’engouement et la mobilisation des élèves, je suis vraiment contente parce que le projet a rencontré un succès. On sent que les enfants sont intéressés par la chose surtout les filles qui sont soucieuses de leur bien-être et épanouissement dans leurs études. J’ai senti également cet intérêt de la part des chefs d’établissement parce qu’on a senti qu’ils rencontraient vraiment des problèmes autour de la question au sein de leur établissement», jubile Mme TRAORÉ.

Mme Marie Odile TRAORÉ/DOLOMWÉOGO

Pour le conférencier du jour Amado SAWADOGO, Infirmier Chef de Poste de Nagreogo, il s’est agi de rappeler aux enfants ce qui leur a été déjà dit lors des ateliers de formation et causeries-débats. «La gestion des menstrues, c’est quelque chose qui concerne beaucoup plus les filles. Donc l’objectif de la conférence est de les sensibiliser à savoir comment s’en tenir pendant ces périodes pour ne pas être indisposé pour que psychologiquement elle ne soit abattue. C’est l’objectif ultime. D’entrée de jeu, on leur a posé des questions sur les menstrues, le cycle menstruel, beaucoup ont répondu. Je suis réellement content car c’est nous acteurs de la santé que ça va aider plus», souligne-t-il.

Amado SAWADOGO, Infirmier Chef de Poste central de la commune.

De l’avis des élèves, l’initiative est louable. Ils témoignent avoir appris beaucoup de choses depuis la mise en oeuvre du projet dans leur commune à l’image de Fadilatou CONGO, élève en 1re D au lycée départemental de Nagreogo, elle qui ne pouvait s’offrir qu’une couche industrielle par jour. «De la conférence de ce soir, j’ai retenu que les règles c’est un phénomène naturel, il ne faut pas avoir peur. Il faut pouvoir parler de ça quand on est à l’école et gérer de manière discrète. Ce n’est pas quelque chose de mauvais comme une maladie. En 2022 aussi, on nous a appris à fabriquer des serviettes hygiéniques réutilisables qu’on peut utiliser et laver pendant six mois, on nous a appris aussi à calculer les règles», révèle la future terminaliste.

Fadilatou CONGO, élève au lycée départemental de Nagreogo

 

Mohammadi Zagré est le délégué général des élèves du CEG de Nagreogo. Tout comme ce soir, il a participé à toutes les initiatives tenues dans le cadre de ce projet. Au sortir, il se dit prêt à accompagner ses camarades filles avec les conseils et les connaissances qu’il a acquis.

Le projet a déjà beaucoup aidé les filles

Le proviseur de lycée départemental de Nagreogo David Kevin KAMBOU n’a pas manqué l’occasion pour saluer l’initiative. «Le projet a déjà beaucoup aidé les filles parce qu’elles acceptent maintenant d’aller à la vie scolaire demander un billet de sortie en disant au conseiller je suis indisposé. Nous pensons que cela est dû au projet et si ça continue on va réussir ensemble à dominer», introduit-il. Mais pas seulement qu’elles, les acteurs de l’éducation présents ont aussi vu leurs capacités renforcées. À travers un témoignage partagé avec toute l’assistance, il a relevé l’incompréhension des enseignants compliquant parfois la tâche pour la fille en période de règles. Selon son témoignage, un de ses élèves a une fois été [injustement] expulsé parce que cette dernière était indisposée. Ses règles étaient venues alors qu’elle n’avait pas de couches et l’enseignant l’a appelée à se rendre au tableau. Étant indisposée, elle a refusé et l’enseignant a insisté plusieurs fois. Prenant son acte pour de l’impolitesse, il a fini par l’expulser et ce n’est qu’après le cours que l’administration s’est rendue compte que la fille était indisposée.

Une vue des participants

Après le témoignage du proviseur, la présidente du REFFOP s’est sentie encore interpellée. Elle a promis qu’au cas où le projet est reconduit, un volet sera accentué sur les acteurs de l’éducation. «Notre souhait avec notre partenaire, c’est vraiment prendre en compte aussi au regard de ce que le proviseur nous a partagé comme témoignage, les enseignants pour avoir des codes, des messages par rapport à la gestion des menstrues en milieu scolaire», affirme-t-elle.

Le REFFOP_BF est un réseau qui regroupe l’ensemble des femmes de foi du Burkina Faso. Les faîtières membres sont là conférence épiscopale Burkina-Niger, la Fédération des Associations Islamiques du Burkina (FAIB) et la Fédération des églises et missions évangéliques du Burkina (FEME). L’objectif du Réseau c’est de rassembler les femmes de ces différentes faîtières en vue de promouvoir le vivre-ensemble, la cohésion sociale et la paix. Le projet «Sang Tabou» dont le Réseau est chargé de la mise en oeuvre est financé par Oxfam. Il couvre cinq établissements dont trois dans les quartiers périphériques de Ouagadougou qui accueillent des déplacés internes et deux dans la commune de Nagreongo.

Pierre Bonkoungou

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