La Coalition Nationale contre le Mariage d’Enfants au Burkina (CONAMEB) en collaboration avec l’ONG Voix de Femmes a organisé un panel le vendredi 16 Juillet à Ouagadougou. Une rencontre qui a eu pour but de faire connaitre la politique de la CEDEAO pour la fin du mariage d’enfants qui a été adoptée en 2019.
Le mariage d’enfants est classé au rang des pratiques traditionnelles néfastes aux filles et aux femmes. Selon les données de l’UNICEF et de l’UNFPA, au niveau mondial ce sont plus de 650 millions de femmes et de filles qui ont été mariées avant l’âge de 18 ans. En Afrique, 125 millions de femmes soit 40% de femmes et de filles ont été mariées pendant leur enfance ; Un taux double à la moyenne mondiale et qui parait un peu plus élevé pour ce qui concerne l’espace CEDEAO soit 41% chez les filles contre 3% chez les garçons. Un phénomène présent dans des pays qui pourtant, sont parties prenantes de résolutions, de chartes, et de pactes internationaux et régionaux qui découragent la pratique.
C’est dans ce cadre que la CEDEAO a adopté le 25 janvier 2019 la politique régionale de l’enfant, son plan d’action stratégique (2019-2030) ainsi qu’une feuille de route destinée à éliminer le mariage d’enfants. Le policy paper est le fruit d’un partenariat entre le ministère des Affaires Etrangères du Danemark, l’AWDF, Save The Children et WILDAF-Afrique de l’Ouest. Il est un outil de plaidoyer mis à la disposition des Etats afin de les encourager à mettre en œuvre de façon effective la feuille de route de la CEDEAO à travers des plans d’action nationaux qui s’en inspirent et une synergie d’action avec les organisations de la société civile.
Afin de vulgariser ledit document, cette rencontre qui a réuni des acteurs qui interviennent dans le domaine des droits de la jeune fille et des femmes a permis la diffusion et le partage d’information sur le phénomène du mariage d’enfants dans l’espace CEDEAO. En d’autres termes, il s’est agi de faire connaitre la politique de la CEDEAO pour la fin du mariage d’enfants, adoptée en 2019 avec le soutien technique et financier de WILDAF-AO.
Au cours de ce panel, les participants ont suivi et échangé sur les contenus de cinq (5) communications. Des communications relatives à la situation juridique, politique et d’application dans les états membres ; présentation de la policy paper de la CEDEAO. Ensuite, une communication portant sur l’accès aux services essentiels de prévention, de soutien et de prise en charge ; engagement de la communauté et des responsables religieux à changer les normes sociales et impliquer la société civile et d’autres acteurs non étatiques ; l’éducation de qualité pour les filles ; la participation et le leadership des filles et des femmes et engager les garçons et les hommes ; la communication pour un changement de comportement social ; Enfin la dernière communication a porté sur le lien entre la pauvreté et le mariage des enfants ; l’existence des coalitions nationales en faveur de l’élimination du mariage d’enfants ; sans oublier des échanges avec les participants.
Les différentes communications ont permis de présenter la situation du mariage d’enfants dans 5 pays d’Afrique de l’ouest notamment le BF, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo.
De la situation du mariage d’enfants dans 5 pays d’Afrique de l’ouest notamment le BF, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo
Il est ressorti que dans l’espace CEDEAO, la prévalence du mariage d’enfants est de 41% chez les filles contre 3% chez les garçons (UNFPA /UNICEF, 2018). Le mariage d’enfants dû à la pauvreté touche plus les filles qui disposent de moins de temps pour étudier par rapport aux garçons. Il constitue la seule option pour les familles aux ressources limitées. Il peut être utilisé pour régler des différends ou dans le cadre des alliances sociales. La jeune fille est considérée comme une marchandise pouvant être échangée pour assurer les charges familiales. La dot qui constitue le prix de la fiancée peut constituer un revenu pour la charge de la famille. Le phénomène du mariage d’enfant est une cause d’abandon scolaire. Une fille qui est à l’école est à l’abri du mariage. Cependant celle qui n’est pas à l’école est plus exposée De ce fait, moins scolarisées et moins éduquées, les filles n’ont pas d’accès équitable au travail : 47% des femmes sans éducation sont mariées précocement contre 12% de celle ayant reçu une éducation secondaire.
Le mariage d’enfants a des conséquences sur les filles mais également sur l’économie. Ainsi, « Si le mariage d’enfant est éliminé on économise 25 milliards de dollars par an d’où l’importance de la feuille de route de la CEDEAO », a souligné Eulalie Yerbanga de la Coalition Nationale contre le Mariage d’Enfants au Burkina (CONAMEB) avant de préciser que : « les ménages dont les revenus se situent entre 0FCFA et 122 000F CFA, enregistrent beaucoup plus de mariage et sont suivis de ceux dont les revenus se situent entre 122000FCFA et 900 000FCFA ».
Face à cette situation, les panélistes ont présenté des pistes de solutions pour barrer la route au mariage d’enfants dans les pays concernés par le phénomène.
Des pistes de solutions pour barrer la route au mariage d’enfants
Selon le coordonnateur de l’ONG Voix de femmes Raphaël ZONGNABA : « Il existe un lien étroit entre l’éducation et le mariage des enfants en particulier l’éducation des filles. Par conséquent l’éducation de qualité pour les filles, la participation et le leadership des filles et des femmes et engager les garçons et les hommes constituent des moyens pour freiner le mariage d’enfants ». Il y a un lien étroit entre éducation et mariage d’enfant et la stratégie le meilleure et la plus importante, un PM avait parlé de bombe atomique en disant que l’éducation est une bombe atomique contre le mariage des enfants, il y a donc une corrélation très forte entre les deux notions en particulier l’éducation des filles ;
Quant à Eulalie YERBANGA, l’état burkinabè s’est engagé : « l’objectif global de la coalition est de participer à une prise de conscience dans la lutte contre le phénomène du mariage d’enfants et la stratégie, c’est la mobilisation des acteurs, le plaidoyer, l’application des lois et le renforcement les capacités des acteurs que sont entre autres la CONAMEB. Autre proposition faite la présidente lors des communication :
- L’accès aux services essentiels de prévention, de soutien et de prise en charge ;
- L’implication des collectivités territoriales notamment les maires dans la mobilisation des ressources afin de faire de l’éducation une réalité à même de barrer la route au mariage d’enfants ;
- Travailler à rendre l’école attractif et à maintenir les filles à l’école ;
- Un plus fort engagement au niveau des décideurs politiques, pour une meilleure application de la loi sur l’éducation à travers l’implication des garçons et des hommes
- Soutenir les ménages.
Conclusion
Il est temps d’agir en mettant en œuvre la feuille de route de la CEDEAO afin de mettre fin au mariage des enfants en Afrique de l’Ouest. Pour l’atteinte de cet objectif, cette initiative du panel intervient afin de conduire des dialogues politiques au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Concernant le BF ce dialogue a été placé sous le leadership de la Coalition Nationale pour l’Abandon du Mariage d’enfants au Burkina. A terme un plan d’action devra être élaboré et un comité établi pour le suivi de la mise en œuvre des activités arrêtées. Des activités que sont les différentes communications qui ont été menées au cours du panel du vendredi 16 juillet 2021.
OBG pour lessentiels.net