Démographie à Ouagadougou : La forte croissance de la population vient des zones «non-loties».

Des chercheurs de l’Institut Supérieur des Sciences de la Population (ISSP, Université Joseph Ki-Zerbo) avec à leur têtes, Dr Moussa Bougma, ont présenté aux journalistes les résultats d’une étude menée sur la démographie de Ouagadougou. L’étude menée entre septembre et novembre 2021, auprès de 2824 femmes de la ville de Ouagadougou dont 1 339 vivant en zone lotie et 1 485 en zone non lotie montre que la croissance démographique à Ouagadougou est en stagnation.

Le présidium de présentation des résultats.

«Au niveau des facteurs explicatifs, je voulais d’abord expliquer qu’en terme de stagnation, c’est juste, on était en train de baisser à Ouagadougou, mais depuis 2003, on a vu que ça ne baisse plus», explique Dr Moussa Bougma.

À l’entendre, cette situation est favorisée par un certain nombre de facteurs. «Nous avons constaté qu’il y a quatre types de

Dr Moussa Bougma

facteurs. Et le premier facteur, c’est la contribution des femmes migrantes qui viennent du milieu rural et qui s’installent dans les périphéries. En essayant de voir, on a vu que ces femmes-là contribuent beaucoup plus au niveau de la fécondité que celles qui sont nées à Ouagadougou. On s’est demandé qu’est ce qui fait que celles qui arrivent ont plu d’enfants que celles qui sont nées à Ouaga et on a constaté que c’est lié à leur profil socio-économique parce que ces femmes quand elles viennent, elles sont sans éducation, elles sont installées dans les périphéries où il n’y a pas d’offre de service de planification familiale et ces femmes aussi sont faiblement éduquées. Elles sont dans des conditions propices pour faire des enfants, s’il n’y a pas d’offre de service de planification familiale, elles vont faire des enfants au-delà de ce qu’elles désirent. Le deuxième facteur, c’est la mixité des enfants. Il fait entendre par là que c’est le fait de vouloir coûte que coûte avoir une fille et un garçon parmi ses enfants pour des raisons diverses qui emmène des personnes à avoir des enfants au-delà du nombre qu’ils avaient voulu. Le troisième, c’est lié même au fait que les parents considèrent l’enfant comme un capital vieillesse. L’enfant, c’est comme un investissement sur lequel on peut compter pour assurer ses vieux jours. Et qui dit investissement, c’est quand tu en as beaucoup que tu peux bien profiter. Et malheureusement, plus les enfants sont élevés, on n’arrive plus à leur assurer une bonne éducation, une bonne insertion économique, et à la fin, on peut perdre cet investissement. Et le quatrième aussi qui est indispensable, c’est surtout la faible implication des collectivités territoriales ou en tout cas, on sent qu’il faut qu’elles réorientent leurs actions au niveau des périphéries pour que la femme même si elle s’installe dans les périphéries, qu’elle puisse contrôler sa fécondité», poursuit le démographe.

À la question de savoir si la croissance démographique est une menace ou un atout, le Dr Bougma relativise. «Ce n’est ni une menace, ni un atout, ce qu’il faut peut-être se dire, c’est est ce que avec cette dynamique, on peut arriver à contrôler la ville, et on voit que le constat est là. Près de la moitié de la population disent qu’elles vivent à Ouaga, mais elles vivent dans les zones périphériques dépourvus de tous service sociaux de base. On peut penser que trois enfants par femme à Ouagadougou c’est peu mais ce nombre global peut masquer des disparités, parce que celles qui viennent s’installer dans les périphéries sont au-delà de 4-5 enfants par femme. Et ça ça peut causer un problème si on n’arrive pas à assurer une bonne éducation à tous ces enfants qui vont naître et même à ces femmes. Il faut qu’on travaille à voir comment réguler la fécondité pour assurer une bonne fécondité à nos villes et éviter tous ces problèmes liés à l’accès aux terres, tous ces problème liés au lotissement et tout ce qu’on observe au niveau des quartiers périphériques. Donc je peux dire que c’est plus proche d’une menace que d’une opportunité», explique le responsable de l’enquête Dr Moussa.

Une vue des participants

Selon les démographes, les autorités gagneraient à anticiper en agissant autour de ces quatre facteurs pour ne pas se laisser surprendre.

L’étude a été financé par l’union internationale pour l’étude scientifique de la population (UIESP). Les journalistes présents à cette cérémonie de présentation de résultats sont issus de l’Association des Journalistes et Communicateurs en Population et Développement (AJCPD). Des exemplaires des résultats de l’étude ont été mis à leur disposition pour exploitation afin d’informer les populations sur la situation de la fécondité à Ouagadougou et ses implications.

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