Santé sexuelle : “Nous voulons que quand on parle de menstrues, qu’il n’y ait plus de gènes entre les filles et les jeunes hommes”, Marie Odile Traoré, Présidente du REFFOP.

Afin de promouvoir la santé menstruelle des élèves, le Réseau des Femmes de Foi pour la Paix au Burkina Faso (REFFOP_BF) a organisé une formation sur la Gestion Hygiénique des Menstrues (GHM) en Milieu scolaire ce mercredi 14 décembre 2022 à Nagreongo, une localité située à une quarantaine de km de Ouagadougou. À cette occasion, des leaders d’opinion issus du lycée départemental et du Collège d’enseignement général de Nagreogo ont été initiés sur les mécanismes de gestion appropriée des règles notamment en milieu scolaire.

Une vue des élèves participants.

Au total, 14 élèves, filles et garçons issus de 14 clubs d’hygiène, accompagnés par trois encadreurs ont pris part à cette formation organisée par le Réseau des Femmes de Foi pour la Paix au Burkina Faso dans le cadre de la mise en oeuvre du projet «Sang tabou». Pour la Présidente du REFFOP_BF Marie Odile TRAORÉ/DOLOMWEOGO, l’initiative est partie du constat que les menstrues relèvent du tabou au Burkina Faso. Cette situation greffée aux conditions précaires de certaines familles rendent difficile l’accès à l’information sur la gestion des menstrues. «Nous avons constaté que la gestion des menstrues est un gros souci pour les jeunes filles, parce que nous avons constaté qu’à cause de cette mauvaise gestion, il y a des filles qui abandonnent l’école, nous avons jugé qu’il n’était pas opportun qu’à cause de la gestion des menstrues, des filles quittent l’école».

Marie Odile TRAORÉ/DOLOMWEOGO, Présidente du REFFOP_BF

Pour arriver à rompre cette chaîne, le formateur a parcouru en long et en large l’univers des menstrues avec les élèves participants. D’entrée de jeu et en vue de planter le décor pour une bonne compréhension de la Gestion Hygiénique des Menstrues, le formateur DOMBWA Eusèbe, spécialiste de santé des femmes et des jeunes filles a rappelé les étapes de développement de l’être humain notamment l’adolescence. Il s’est agi pour le formateur d’expliquer aux participants les caractéristiques de l’adolescence que sont le développement des seins, l’apparition des menstrues, de l’acné juvénile et de la nervosité entre autres.

Le formateur Eusèbe DOMBWA lors sa présentation.

À la suite de cela, M. DOMBWA a abordé avec les participants l’anatomie de l’appareil génital de la femme avant d’aborder la question du cycle menstruel. À ce sujet, il a étayé avec les élèves de Nagreongo comment calculer et le cycle menstruel, et la date probable d’ovulation, et la période de fécondité. En ce sens, il a exhorté les élèves à se munir de calendriers pour une bonne gestion des menstrues. Revenant sur la gestion hygiénique des menstrues en milieu scolaire, le formateur a indiqué comment la jeune fille doit se comporter en période de menstrues dans le milieu scolaire.

“J’ai appris quelque chose d’important que je ne connaissais pas” Madinatou CONGO, élève au lycée départemental de Nagreongo, participante.

Pour les élèves participants, la formation constitue une aubaine qui leur permettra de mieux se comporter durant les périodes de règles. Madinatou CONGO, élève au lycée départemental de Nagreongo, confie avoir beaucoup appris sur la gestion des règles. «J’ai appris quelque chose d’important que je ne connaissais pas. En cas des règles, je dois bien prendre soin de mes règles pour ne pas avoir des maladies. J’ai appris que si tu sens que la couche est déjà remplie, on peut solliciter l’aide du professeur et d’une camarade pour sortir changer. Avant de changer la couche aussi, je dois laver mes mains au savon et avec l’eau potable. Et quand c’est une couche réutilisable, il faut laver et étaler au soleil pour que le soleil tue les microbes à travers les rayons ultraviolets», avoue la jeune fille en classe de troisième (3e). Tout comme elle, Zalissa, élève au CEG de Nagreogo a appris «les cycles de menstrues, l’hygiène des menstrues en milieu scolaire et l’appareil génital de la femme».

Zalissa TAPSOBA, élève au CEG de Nagreongo, participante

Pour Sandrine Alexia DABONE/PARKOUDA, proviseur du lycée départemental de Nagreongo, “cette formation a été plus qu’utile”

Ce sentiment de joie n’est pas une propriété exclusive des élèves, il touche également les premiers responsables de l’établissement. Le Proviseur de l’établissement Sandrine Alexia DABONE/PARKOUDA n’est pas en marge. Pour elle, cette formation tombe à pic. «Cette formation va procurer beaucoup de connaissances à nos élèves d’abord dans leur vie en tant qu’élèves et ensuite en tant que femmes en ce qui concerne la gestion hygiénique des menstrues. Cette formation a été plus qu’utile, parce que vous avez suivi avec nous qu’ils (les élèves) avaient peu de connaissances sur la question», témoigne Mme DABONE/PARKOUDA.

Selon Marie Odile TRAORÉ/DOLOMWEOGO, la structure qu’elle dirige travaillera à ce que les élèves bénéficiaires soient des ambassadeurs et des ambassadrices de la question auprès de leurs camarades. À cet effet, des causeries éducatives sont prévues chaque mois pour donner l’occasion à chacun des 14 se partager avec les autres élèves de Nagreongo ce qu’il a appris. «Ces élèves que nous avons formés deviennent des formateurs, ils deviennent des relais. Le projet est intitulé sang tabou, car nous voulons que quand on parle de menstrues, qu’il n’y ait plus de gêne entre les filles et les jeunes hommes. Les élèves que nous avons formés vont être des relais à travers des causeries qu’ils vont instituer avec leurs camarades pour question de gestion des menstrues à travers des clubs d’hygiène qu’ils vont mettre en place. Ce qu’ils ont appris ce soir, ils vont les reverser à leur tour», ajoute la Présidente du Réseau.

Une vue des responsables du REFFOP-BF assistant à la formation

 

Un message visiblement compris par les élèves à l’image de Idrissa Bougma élève en classe de seconde (2de) au lycée départemental de Nagreongo. Selon lui, la mission sera accomplie. Ils ne garderont pas ces connaissances acquises pour eux seuls, mais oeuvreront à sa vulgarisation auprès de leurs camarades pour que les menstrues ne soient plus une gêne pour les filles de Nagreongo. «En tant que garçon, je suis prêt au sortir de cette formation pour montrer à mes grandes soeurs et mes petites soeurs ce qu’il faut faire pour gérer hygiéniquement les règles. Je suis prêt à les sensibiliser en leur montrant ce qu’il faut faire pour éviter les grossesses indésirées et les maladies liées au manque d’hygiène dans la gestion des règles», confie Idrissa Bougma.

Idrissa Bougma, élève en classe de 2de au lycée départemental de Nagreongo, participant

 

Le REFFOP_BF est un réseau qui regroupe l’ensemble des femmes de foi du Burkina Faso. Les faîtières membres sont là conférence épiscopale Burkina-Niger, la Fédération des Associations Islamiques du Burkina (FAIB) et la Fédération des églises et missions évangéliques du Burkina (FEME). L’objectif du Réseau c’est de rassembler les femmes de ces différentes faîtières en vue de promouvoir le vivre-ensemble, la cohésion sociale et la paix. Le projet «Sang Tabou» dont le Réseau est chargé de la mise en oeuvre est financé par Oxfam. Il couvre cinq établissements dont trois dans les quartiers périphériques de Ouagadougou qui accueillent des déplacés internes et deux dans la commune de Nagreongo.

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