Pour Me Paul Kéré, après le coup de force opéré le 24 janvier 2022 par le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) pour s’emparer du pouvoir, tout burkinabè doit désormais apporter sa contribution à la préservation de la paix aux pays des hommes intègres. Il croit pertinemment que le Lieutenant-Colonel Paul-Henri DAMIBA, est bien conscient de l’envergure de sa tâche désormais et travaillera à accomplir sa mission qui est celle de reconcilier les burkinabè et de ramener la paix.
« Depuis quelques temps, en ma qualité de citoyen Burkinabè et, en dépit de l’article 8 de la Constitution Burkinabè aujourd’hui suspendue, j’avais décidé de m’abstenir volontairement d’exprimer publiquement mes propres opinions profondes sur la situation nationale actuelle de notre pays. Avant l’heure de la parole, si vous parlez, vous êtes fou. Et après l’heure de la parole, si vous parlez, vous êtes bête. Il faut donc parler à l’heure du zénith de la parole. En effet, au Burkina Faso et sous la gouvernance de l’ex-parti majoritaire, le Mpp et de ses alliées de circonstances, on constate malheureusement, objectivement, et ce, sans aucun parti pris, par pure observation citoyenne saine, que le sectarisme de certains Conseillers et/ou partisans arrivistes du Mpp, (pire d’ailleurs que sous le régime du Président Blaise Compaoré), le degré de violence lié exclusivement aux attaques terroristes perpétrées contre notre peuple et caractérisées par de graves atteintes à la vie humaine (pourtant sacrée) a dépassé toutes les bornes et toutes les normes sociales universelles.
Des assassinats ciblés de peulhs à Yirgou, en passant par les tueries massives dans les églises, mosquées, de toutes obédiences, sur les places de marché de certains villages jusqu’à l’attaque du convoi de la SEMAFO, tout dernièrement l’attaque lâche d’INATA et, enfin les tueries massives quotidiennes de nos forces de défense et de sécurité, sans compter les civils innocents sans défense qui ne sont pas non plus épargnés et les nombreux déplacés ont fini de me convaincre que finalement, sous la gouvernance de l’ex- Président Roch Marc Christian KABORE, une peur généralisée insoutenable s’est installée dans notre pays. QUE FAIRE ?
Le recrutement des volontaires pour aller combattre ces individus armés non identifiés aux côtés de nos forces classiques de défense et de sécurité a consacré ainsi, « de facto », le CONSTAT AMER de ce que mêmes ceux qui sont payés par notre peuple pour faire la guerre et assurer sa protection n’arrivent plus à accomplir convenablement leur mission régalienne de protection du territoire et à vaincre ainsi, l’hydre terroriste en dépit du courage et de la résistance farouche de nos forces de défense et de sécurité sur ce qu’il nous reste comme territoire sécurisé.
Sur ce point précis, le MPSR du Lieutenant-Colonel Paul-Henri DAMIBA ainsi que toutes les composantes de notre brave armée sont attendus et il n’y a, à l’heure actuelle, aucune raison de douter de la capacité de notre vaillante armée à vaincre le terrorisme dans notre pays. Il conviendrait, inéluctablement, de rationnaliser l’organisation de nos stratégies de défense militaire sur le terrain.
On ne vaincra pas l’hydre terroriste comme dans une guerre classique de belligérants alignés les uns en face des autres. La tactique militaire pour vaincre les terroristes existe bel et bien, le Lieutenant-Colonel DAMIBA ayant d’ailleurs élaboré un mémoire sur cette épineuse question. C’est donc dire qu’il est parfaitement outillé pour ce combat dont il a désormais la responsabilité politique et patriotique…
Certes, aux termes des dispositions de l’article 10 de la Constitution, « Tout citoyen Burkinabè a le devoir de concourir à la défense et au maintien de l’intégrité territoriale… ».
Cependant, la dernière attaque meurtrière d’INATA a clairement démontré que la puissance de feu de ces hommes armés non identifiés (Hani) est sans commune mesure avec la relative faiblesse actuelle des moyens militaires mis à la disposition de nos forces de défense et de sécurité au point que l’ex- Président du Faso lui-même, éberlué et choqué qu’il fut, l’ait déjà déploré au sortir d’un Conseil de Ministre ! A qui la responsabilité politique ?
Quoi qu’il en soit, en raison de la gravité de ces atteintes insoutenables portées à la vie humaine de nos compatriotes (forces de défense et de sécurité et civils confondus) sous la gouvernance incontestable d’un Mpp apparemment impuissant, il se trouve encore certains de nos compatriotes, (sans doute, soit de parfaite mauvaise foi, soit ignorant de notre Constitution, d’ailleurs suspendue) qui soutiennent, la main sur le cœur, que cette situation n’est pas imputable à ceux qui nous gouvernent actuellement mais exclusivement à certaines forces occultes qui viennent tuer nos compatriotes.
Non, mes Chers compatriotes, c’est là une posture irresponsable et il convient de refuser toute fatalité en rompant le silence ne serait-ce que par patriotisme minimal et situer clairement les responsabilités politiques afin d’en tirer toutes les conséquences politiques !
En effet, la Constitution du Burkina Faso dispose clairement et fermement en son article 36 que « Le Président du Faso est le chef de l’Etat. Il veille au respect de la Constitution. Il fixe les grandes orientations de la politique de l’Etat. Il incarne et assure l’unité nationale. Il est garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire, de la permanence et de la continuité de l’Etat, du respect des accords et des traités ».
En clair, l’article 36 de la Constitution Burkinabè fait obligation fondamentale au Président du Faso de protéger l’ensemble des Burkinabè et bien évidemment, à défaut, d’en tirer toutes les conséquences en rendant « ipso facto » sa démission comme le Président Blaise Compaoré a su le faire à la suite des manifestations des 30 et 31 Octobre 2014 pour éviter des affrontements beaucoup plus graves et le délitement éventuel de notre pays.
En effet, depuis la fin de l’année 2015 qui a marqué l’avènement du Mpp dans notre pays, le cycle de violences a fait, à la date de ce jour, environ près de 1000 morts selon un comptage de l’AFP et environ 500 000 à 2.000 000 de personnes déplacées internes selon le décompte de l’ONU.
C’est inacceptable ! En effet, depuis les 100 ans de la création de notre pays, on n’a jamais vu ça ! Trop c’est trop et le coup de force du 24 Janvier 2022 est la résultante évidente de ces tueries massives et de l’atteinte inacceptable à l’intégrité de notre territoire.
C’ETAIT IRREVERSIBLE ET SURTOUT INSOUTENABLE ! On ne pouvait pas continuer ainsi à subir, la mort dans l’âme, les violences de ces hommes armés non identifiés et le MPSR a, sans aucune hésitation ni murmure, pris ses responsabilités devant l’histoire et devant le peuple Burkinabè. Le MPSR sera « jugé » à l’aune de sa capacité intrinsèque à faire face à l’hydre terroriste et, notamment, par la défense de l’intégrité de notre territoire.
Wait and see !
C’est pourquoi aujourd’hui, d’ores et déjà, chaque Burkinabè, en véritable patriote, sans aucune distinction de parti politique, d’ethnie ou de religion, doit rompre le silence et apporter sa pierre angulaire à la construction d’un nouvel ordre politique pour une véritable paix durable dans notre pays. »
Ouagadougou le 27 Janvier 2022.
Paul KÉRÉ,
Docteur en Droit de L’Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne.
Chevalier de l’Ordre National
Médaille d’Honneur des Collectivités Territoriales
Avocat à la Cour