Sortie du Ministre OUARO : Un enseignant demande au Président du Faso de le rappeller à l’ordre .

Dans cette lettre ouverte au Président du Faso ,un enseignant exprime son désarroi ,son amertume ,son indignation face aux propos tenus par le ministre de l’éducation nationale ,le Professeur Stanislas OUARO devant la représentation nationale .
*Lettre ouverte à Son Excellence, Monsieur Président du Faso*
*Objet: demande de rappeler à monsieur OUARO que je suis enseignant mais que j’ai aussi une dignité et lui demande de jeter l’éponge.*
Excellence, Monsieur le Président du Faso, ma plume dans ma main, mes larmes qui débordent leurs orbites et jaillissent à flot. La douleur tenace qui hante mon esprit. Englouti de peines et de désespoirs, seul, le courage m’assiste comme une corde tient un pendu accroché à la branche d’un arbre. Au vu de tout cela et sans d’autres issues de secours, j’ai décidé de m’attabler sur mon écrit pour que l’extérieur aperçoive la profondeur de ma stupéfaction. C’est ainsi que je prend la parole en m’adressant à vous. Signalons que j’aurais voulu m’adresser à vous dans un moment de joie. Dans un moment de joie qui me permettra de vous transmettre une lettre respectant tous les critères nécessaires d’une note à la hauteur de votre trempe. Mais hélas, je suis navré. L’atrocité de ma situation brouille mes méninges, presse le temps pour une réflexion poussée. La faim chronique et sévère ont fini par creuser mon ventre. Cela m’a laissé dans un regard éterré et une dans vision altérée. Les ulcères gastriques ont été les héritages d’une faim lointaine et persistante. Les maladies cardiovasculaires dont je ne suis pas encore épargné, pourront être l’œuvre de la craie et les séquelles indéniables de ma condition terrible et horrible. J’ose croire que tout cela militera pour que vous comprenez aisément sans confondre ma plume à celle de l’insolence ou de l’impertinence. Qu’à cela ne tienne, Excellence, Monsieur le Président du Faso, je tiens à vous décliner mes salutations les plus sincères et hautement distinguées
Excellence, Monsieur le Président du Faso, je prends la parole au nom de l’enseignant tout court en m’appesantissant sur ma situation qui est le reflet de celles des autres. Au nom de l’enseignant, je tiens à vous déballer ou du moins à vous rappeler la dure réalité de l’existence de ce dernier surtout à compter de la nomination de monsieur OUARO à la tête du Ministère de l’Education. C’est pour cela que, j’ai décidé de prendre la parole. De prendre la parole en m’appuyant sur mon encre et parler un peu du désert aride dont, je traverse en tant qu’enseignant. J’estime que même si parler ne dit plus rien à personne, au-moins, dénoncer touche la sensibilité des Hommes sensibles et dévoile la honte des insensibles. Certainement que, je toucherai votre sensibilité si vous me lisez. Le MENAPLN, une poule dite de race améliorée qui prend l’allure d’éclore des semeurs de la terreur (petits terroristes=grands terroristes). Il est possible que vous ne soyez au courant de rien compte tenu de certaines circonstances les plus sévères du moment. Mais, s’armons davantage de courage et d’action. Tout ce qui arrive passera. Que le Faso découvre sa paix d’antan !
Je me nomme Adama DABILGOU, Instituteur Certifié et Etudiant en droit, en MRH et en sciences de l’éducation. Je suis venu dans l’enseignement par vocation. Je fus inscrit au Cours Normal Privé de Kaya(CNPK) par mon père. Mon père qui a accepté à ma demande s’est séparé de ses dernières économies. Il fut un commerçant malheureux. Malheureux parce qu’il faisait parti des nantis de la commune. Mais, il fut dépouillé de ses biens par de vols répétés et autres. De ses dernières économies, il arriva à satisfaire le désir ardent de son fils. De son fils, qui lui promet la relève. J’ai promis lui relever dans ses charges. Aujourd’hui, qu’il pleuve ou qu’il neige, je dois assurer cette relève. C’est ce que me dicte la conscience. A l’âge de vingt ans(20), je fus intégré dans la fonction publique. Mais petit à petit, la vocation qui avait fait effet sur mon père se dissipe et se dissout dans une mare de larmes et de douleurs. Ma vocation se retrouve transformée en déception. Elle se retrouve transformée en peine, en chagrin et en un torrent de remords intarissables. Je peine à assurer convenablement la relève promise. Cela me ronge le cœur. De la relève promise, s’ajoute la charge de ma famille nucléaire. Avec une telle charge, le minimum de vitalité naturelle est improbable. La joie devient un leurre flottant. Le bonheur, une lueur intouchable. Et cela est vraiment ahurissant pour moi comme pour mes collègues car de la manière que la douleur est vive chez moi, elle peut l’être plus vive ailleurs. Et croyez moi, c’est sans doute chez un autre enseignant. Rassurez-vous, Excellence, Monsieur le Président, l’enseignant ne demande pas une largesse auprès de son ministère de tutelle encore moins auprès du gouvernement. Mais, il demande une réhabilitation de carrière et de considération. Je suis épuisé de mes pleurs. Mais, désolé. Les pleurs ne s’arrêteront pas pour bientôt. Le ministre OUARO en a décidé autrement de mon sort et de ceux de mes confrères en allant à la représentation nationale nous verser la face à terre. Il n’a trouvé aucun gêne, ni aucun ridule en faisant engueuler les élus du peuple par un propos humiliant moi et mes confrères. Ces élus du peuple qui ont cru que l’hémicycle était une extension de la salle de ciné de Wemtenga ou de Nerwaya n’ont pas manqué de vivre gaie de ma peine. Probablement que ce propos a été tenu parce que je ne tiens qu’un stylos et une craie. Cette parole a été prononcée parce que l’homme à main nue est perçu par monsieur OUARO et ses complices comme un impotent. Un infirme malléable, manipulable à qui on peut donner un coup de pied à tout moment sans craindre le moindre riposte. Ce langage discourtois a été lancé parce que la loi, c’est pour eux. Si Adama DABILGOU avait tenu le propos peu catholique de monsieur OUARO envers ce dernier, à l’heure, le monde entier allait être informé de mon arrestation par autosaisine du procureur du Faso. Si le procureur du Faso s’est tue du propos de monsieur OUARO, c’est visiblement l’équivoque de la loi qui s’exalte. Et je ni peux rien. La loi, c’est pour eux. Elle n’est pas pour moi, ni pour mes collègues encore moins pour mes parents qui sont au cachot de la souffrance exécrable où la mort est luxueuse. Monsieur OUARO pèse lourd devant la loi. Quant à moi devant la loi, à l’image de mes confrères suis je léger comme une feuille morte. Me morfondre ou me révolter reste l’option envisageable. Je ne me coucherai plus au moment où me tenir debout est la seule issue qui semble être à même de me donner le salut. J’ai foi qu’un jour, la loi châtiera les forts pour le tort qu’ils font subir aux faibles. C’est ainsi que je crois que le moment venu, les responsables du MENAPLN doivent être entendus devant la loi. Pour l’heure, j’accuse le ministre OUARO de répression morale, mentale et physique contre des employés soumis à ses diktats. Pour mes confrères décédés, j’accuse le ministre OUARO d’homicide volontaire. J’attribue au MENAPLN la responsabilité de tout délit ou crime que tout stigmatisé venait à commettre. J’attribue toute négativité au ministre OUARO car cela résulte des dommages collatéraux d’une stigmatisation profonde. Des enseignantes et des enseignants se sont livrés à la mort, tout simplement parce qu’ils n’en peuvent plus. Ils sont nombreux à mourir parce qu’ils n’avaient pas les moyens nécessaires pour avoir une nourriture saine, de l’eau potable et des soins médicaux appropriés au temps de la maladie. Paradoxalement, chacun de ces morts à un minimum de deux dossiers à corriger. Ce qui peut lui procurer des sous. Malheureusement, ils s’en vont sans avoir perçu leur dû. Je me vois obliger de vous dire, Excellence que le MENAPLN sous le ministre OUARO est une scène maccabée organisée pour étouffer des travailleurs qui ont derrière eux, toute une communauté à nourrir, à vêtir, à loger, à soigner et à éduquer. D’où la nécessité d’ajouter à la charge du ministre OUARO le crime contre l’humanité. Si aux yeux de tous, nourrir, éduquer et soigner constituent les besoins cruciaux de l’Homme alors, il n’y a rien de plus normal que de mettre l’enseignant aussi dans sa peau afin qu’il vive et mène à bien sa mission. Sinon qu’à ce stade, il est moralement incompétent et techniquement déroutant et aliénant. Ce qui conduit naturellement à rendre l’action éducative moins utile et inavouée aux conséquences désastreuses, imparables et interminables. Des produits comme « dix maladies », « deux couleurs » et bien d’autres ont fait de ravages dans la famille enseignante. Elle était contrainte de se rabattre sur les pharmacies par terre. Des enseignants se sont livrés à des actes ignobles: vente d’honneur et de dignité, achat de conscience, demande régulière de crédit, loyers impayés, irresponsabilité familiale élevée, escroquerie, viol de mineurs pour avoir vainement tenté chez les majeures, la pratique de la politique du tube digestif, le vol, l’immoralité, l’immolation des enfants innocents dans les salles de classes et la consommation accélérée de tabac, d’alcool et de la drogue…
Des enseignantes, se livrent à la prostitution occasionnelle et|ou permanente et sans se mettre à l’écart des actes ignobles embrassés de façon tenace par les hommes du stylo et de la Craie. Pourtant, même étant un enfant de 1992 tout près, j’ai connu une période, dans mon village où l’enseignant était le seul phare à même d’éclairer toute la communauté villageoise. De nos jours, ce nom est décrié partout. Même à la présidence du Faso ce rejet se fait sentir de part le traitement que monsieur OUARO nous réserve. Aujourd’hui, il n’est pas rare d’entendre de la bouche de n’importe quel citadin ou de n’importe quel villageois s’extampiller, si tu fais, je vais te maudire pour que tu deviennes enseignant. Et je m’interroge. Comment peut-on être aussi perdu et naïf pour confier son enfant et son avenir à un maudit? Je m’interroge. Comment pouvez vous nous remettre l’avenir du pays alors que nous ne sommes que des bons à rien? Ôh mon Dieu! Quel sacrilège ? Je suis enseignant. J’enseigne et je saigne. Je saigne du désespoir et je me perds.
Excellence, Monsieur le Président, je vous prie de dire à votre représentant à l’éducation d’arrêter de m’infantiliser, de me vilipender et de me terroriser! D’arrêter de me terroriser car je suis un citoyen comme lui, même si la chance ne m’a pas encore souri comme lui. Je ne suis pas un malheureux. C’est lui qui me fait malheureux .
Excellence, Monsieur le Président, je tiens à ce que vous rappeler à monsieur OUARO que le monde est une cabane où les choses ne sont jamais figées. Elles changent constamment. L’expérience indexe des nantis qui se retrouvent dans la rue, en culotte, souvent sans chemise, avec des ordures en bandoulières, une boîte à la main pour quémander et survivre. Que Dieu l’éloigne de ça car déjà, j’ai de la peine en envoyant déjà ce que je vois. La même expérience indexe des Hommes défavorisés du départ mais qui se hissent à l’arrivée au sommet inattendu. C’est ainsi que j’ai un espoir inébranlable sur la suite de ma route destinale.
Excellence, Monsieur le Président du Faso, les chemins sont empruntés. Les murs ont des oreilles. Si ma lettre vous parvenait, je vous prierai derechef à réagir dans la promptitude et à trouver un mercredi un nouveau ministre pour le monde éducatif avant qu’il ne soit trop tard pour vous même. Avec mes confrères, nous avons décidé de prendre la parole. De prendre la parole au travers un mouvement né pour la circonstance. Cette décision a été prise pour que toute la communauté nationale et internationale découvre la boue dans laquelle est éclaboussé tout enseignant. Je me garde expressément de vous attribue la responsabilité de tout ça. Cependant, je pense qu’on ne nomme pas une personne ministre parce que la personne est simplement agitée en politique. La compétence de la personne dans le domaine où elle est nommée reste primordiale. Monsieur OUARO a suffisamment fait preuve de grossièreté. Ce qui n’est éducatif. L’éducation est un domaine sensible comme celui de la santé, celui de la défense et de la sécurité. La sensibilité de ces domaines interpelle tout Président de ne jamais les confier à n’importe qui car toute moindre erreur est fatale et imparable.
Dans l’attente d’une prise en compte de ma douleur, de mes observations et recommandations, je vous prie d’agréer, Excellence, Monsieur le Président du Faso, l’expression de mes sentiments les plus sincères.
Adama DABILGOU
Avec nos confrères de Eclairinfo

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *