Tout a commencé de façon assez brusque, il faut le reconnaître, ce fameux 23 Août 2015. Le Burkina Faso est en pleine transition après l’éviction en fin Octobre 2014, de l’ex chef de l’état, Blaise Compaoré, quand les informations annoncent la mort d’un gendarme à un poste avancé de l’armée à Oursi, dans l’extrême-nord du pays.
Personne n’entrevoir le drame qui se profile à l’horizon. Depuis, le cauchemar non seulement ne s’est plus arrêté, pis, il s’est transformé en tragédie. Combien de morts civils le terrorisme djihadiste a-t-il fait au Burkina Faso, depuis le début de l’insurrection en 2015 ?
Chaque jour qui passe en rajoute à son lot de deuil et de traumatisme, mais d’après des décomptes officiels, à la date du 31 Mai 2020, 1807 civils avaient perdu la vie dans ces violences armées.
Quant au nombre de déplacés internes, on les estimait à plusieurs centaines de milliers. Ces chiffres sont devenus caducs depuis…des centaines d’autres cadavres continuent de s’empiler jusqu’à présent. Et sur place, au Burkina, les terroristes rassurés par les portions de territoires qu’ils grignotent, dictent leur loi comme dans ces villages du département de Tougan, dans le nord-ouest du Burkina Faso, plus précisément à Gosson, Daka, Yankore et Boussoum, où les écoles sont fermées depuis peu. Pour le président de la Fédération des Associations Burkinabè de Côte d’Ivoire (FEDABCI), Sia Koudougou, qui se confiait à Netafrique.net, ce Dimanche 17 Octobre, la dégradation du climat sécuritaire dans son pays résulte en partie de l’obstination que montrent les autorités au pouvoir à Ouagadougou, qui selon lui, refusent de prendre en compte les recommandations faites par la diaspora.
‘’Quand on parle, les gens ne nous écoutent pas. On en a ras-le-bol…’’, s’insurgeait-t-il, rappelant le plaidoyer de la FEDABCI en faveur d’une véritable politique de réconciliation nationale qui permettrait à l’ensemble des acteurs politiques et militaires de s’impliquer activement dans la lutte contre l’agression terroriste. ‘’Je ne suis pas contre la justice’’, tient-t-il à souligner. Cependant, sa logique est claire : ‘’On ne peut pas rester dans magnans (Ndlr : Fourmis agressives) pour enlever magnans’’.
Las de voir les appels de la FEDABCI, ignorés par le pouvoir de Rock Marc Kaboré, lui et les membres de son organisation préfèrent se taire et observer. Car, s’interroge-t-il, ‘’Quand les djihadistes vont venir, où est-ce qu’on va faire les procès ?’’.
Les condoléances, ils les ont tellement ressassées qu’ils s’en sentent ‘’gênés’’ aujourd’hui. Pendant ce temps, les tueries se poursuivent dans un Burkina où le pouvoir du MPP paraît plus préoccupé par son procès vindicatif à l’encontre de son ex mentor, Blaise Compaoré et ses fidèles, que par les enjeux sécuritaires nationaux…en tout cas, tant qu’à Ouagadougou, la situation semble maîtrisée.
Raoul Mobio