Ils sont quatre et ils sont commerçant, cultivateur, photographe et mécanicien à avoir flairé la bonne affaire durant la récente pénurie de carburant en s’improvisant revendeurs. Mal leur en a pris. C’était sans compter avec la vigilance de la gendarmerie qui, lors des patrouilles, a confondu Malick Semdé, Koudougou Kologho, Lambert Kaboré et Wendpanga Zongo pour spéculation et vente illicite d’hydrocarbures. Si les trois premiers sont à l’occasion des revendeurs d’essence, Wendpanga, lui ne peut se targuer que de sa profession de photographe. Ils ont été jugés, reconnus coupables des griefs formulés contre eux par la présidente du TGI de Koudougou. C’était hier mercredi 11 janvier 2023.
Ils voulaient profiter du malheur des citoyens et ils sont actuellement en train de méditer sur leurs sorts dans les locaux de la Maison d’arrêt et de correction de Koudougou (MACK). Ceci après avoir été reconnus coupables de spéculation et de vente illicite de carburant par l’autorité judiciaire. Le procès a duré près de deux heures et chacun des prévenus a expliqué dans quelles circonstances il a été amené à se livrer à la vente illicite de l’essence. Le premier à être interrogé fut Malick Semdé. Pour se faire servir 15 mille francs de Super 91 dans un bidon, chose que les autorités avaient proscrite, il a prétexté que son véhicule était tombé en panne et stationné un peu plus loin. Contre les 24 mille francs d’essence qu’il sollicitait, le pompiste, qui est venu témoigner à la barre, lui en a servi pour 15 mille francs. Quand l’équipe mobile de la gendarmerie l’a coincé dans son lieu de revente, il dira que le bidon contenait de l’eau. Vérification faite, les pandores se rendirent compte qu’il s’agissait d’essence qu’il revendait à 850 FCFA le litre. Koudougou Kologho, lui, cédait le litre à 1500 FCFA. Selon lui, ce sont les enfants qui l’ont informé qu’il y avait pénurie de carburant et que le prix du litre avait flambé. Il s’est alors arrangé pour s’approvisionner en carburant avant de le céder, à 1500 F le litre. Un bon business qui tournera court car lui aussi sera démasqué.Lambert Kaboré affirme n’avoir pas eu le temps d’écouler la trentaine de litres de Super 91 qui avait été achetée par l’intermédiaire de son neveu. Selon lui, il entendait revendre le litre à 1000 FCFA quand bien même son fils a avoué aux gendarmes que le litre devait être servi contre 1250 F. Le quatrième quidam, Wendpanga Zongo, photographe, devant l’interdiction de servir le précieux liquide dans des bidons, a eu la ‘’lumineuse’’ idée de faire le plein du réservoir, d’une capacité de 14l, de sa moto de marque ALOBA, empruntée chez une tierce personne, et une fois chez lui, il vidait le contenu dans un bidon pour revendre entre 900 à 1200 F le litre. Il a réussi à répéter ce manège trois fois avant de tomber dans les filets des pandores. Devant le tribunal, ces quatre prévenus ont reconnu les faits à eux reprochés avant de se confondre en excuses et en regrets. Unanimement, ils ont soutenu avoir agi ainsi pour s’occuper de leurs familles. Lambert Kaboré est même allé jusqu’à se mettre à genoux pour implorer la clémence de la présidente du tribunal, qui lui a enjoint de se relever.Si le procureur a requis 24 mois de prison dont 12 mois assortis de sursis avec en sus un million d’amende pour chacun des quatre poursuivis, la présidente du TGI de Koudougou a eu la main moins lourde. Elle a condamné Koudougou Kologho, Lambert Kaboré et Wendpanga Zongo à six mois de prison dont deux mois ferme et à un million d’amende assortie de sursis. Malick Semdé a écopé de six mois dont un mois ferme. Tous les quatre ont été en outre condamnés à une amende d’un million chacun assortie de sursis. Ce procès, somme toute pédagogique et qui a été suivi par de nombreux citoyens, vient rappeler que nul ne doit profiter du désarroi de son prochain pour se remplir les poches. Comme l’a soufflé un homme au sortir de l’audience, les terroristes ne sont pas que ceux qui nous tuent avec les armes à feu.
L’observateur Paalga