Plus lourde que celle prononcée en première instance, la peine pourrait empêcher le maire de Ziguinchor d’être candidat à l’élection présidentielle de février 2024.
Le jugement est tombé en fin de journée, lundi 8 mai, après plusieurs heures de délibération : l’opposant sénégalais Ousmane Sonko a été reconnu coupable de diffamation et d’injure publique envers le ministre du tourisme, Mame Mbaye Niang, et condamné en appel à six mois de prison avec sursis. Cette peine est plus lourde que celle prononcée en première instance et pourrait empêcher le maire de Ziguinchor d’être candidat à l’élection présidentielle de février 2024, si elle était confirmée.
L’opposant a six jours pour se pourvoir en cassation. « Il est bien évident que si cette décision est définitive, Ousmane Sonko est définitivement exclu de la course », assure Boubacar Cissé, avocat du ministre, qui s’est dit satisfait de ce jugement. A moins que la Cour de cassation ne revienne sur le jugement, le leader des Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) risque en effet de perdre ses droits civiques pour les cinq prochaines années et d’être exclu des listes électorales.
Jugé une première fois le 30 mars, Ousmane Sonko avait été condamné à deux mois de prison avec sursis pour diffamation, mais relaxé pour les accusations d’injures publiques et de faux et usage de faux. L’amende de 200 millions de francs CFA (environ 300 000 euros) de dommages et intérêts qui lui avait été infligée a été confirmée en appel. A cela s’ajoute une contrainte par corps, qui permet à Mame Mbaye Niang de s’assurer du paiement de cette somme. En cas de défaut, Ousmane Sonko sera emprisonné.
Appel à la « désobéissance civique »
Ce dernier n’était pas présent lundi au tribunal. Il avait annoncé la veille sur les réseaux sociaux sa décision de « ne plus collaborer avec la justice » et déclaré qu’il ne répondrait plus aux convocations des juges sans garantie pour sa sécurité. Ses avocats étaient également absents lors de l’audience et disent vouloir se concerter avant de réagir à cette décision de justice.
Candidat à l’élection présidentielle de 2024, Ousmane Sonko dénonce un complot pour l’écarter de la scène politique et appelle à la « désobéissance civique contre la justice ». L’homme politique est aussi accusé de viols dans un autre procès, dont la première audience doit se tenir le 16 mai.
Une manifestation est déjà prévue vendredi par la plate-forme « des forces vives de la nation » F24, en particulier pour s’opposer à un troisième mandat présidentiel de Macky Sall, mais aussi pour dénoncer « l’instrumentalisation de la justice pour éliminer des candidats ».
Le monde