Les particules adverbales du buamu

DIALLO Asséta

Chargé de recherche

Institut des sciences des sociétés (INSS)

Centre national de la recherche scientifique et technologique (CNRST)/ Burkina- Faso

assetadiallo1@hotmail.fr

Résumé

Tiré de notre article scientifique intitulé « Quid de la catégorie de l’adverbe en buamu ? » Cet écrit porte sur l’adverbe. L’objectif visé est de présenter les particules adverbales du buamu. Le buamu compte trois particules adverbales qui véhiculent des valeurs de temporalité.

  1. Introduction

Le bwamu est une langue gur. Il est parlé dans deux pays de l’Afrique de l’ouest : le Burkina Faso et le Mali. Au Burkina Faso, le buamu est une langue nationale parlée majoritairement dans la boucle du Mouhoun. C’est une langue peu décrite qui nécessite l’attention des linguistes. Cet article résulte d’une recherche scientifique sur le fonctionnement de l’adverbe en buamu. L’adverbe fait partie de ces classes d’unités linguistiques dont la délimitation est peu aisée, aussi bien, à travers les grammaires normatives que dans la description des langues. Le français constitue par exemple une de ces langues où les mots répertoriés dans la catégorie des adverbes regroupent des formes hétéroclites présentant des propriétés morphologiques et syntaxiques différentes. L’objectif visé est de présenter les particules adverbales du buamu. Pour y parvenir nous adoptons la méthodologie suivante.

  1. Méthodologie / Matériel et Méthodes

Cette recherche et purement documentaire. Elle est tirée des résultats de recherches de R. BICABA et A. DIALLO (2023). C’est un travail de synthèse qui recapitule une partie résultats obtenus. Ces résultats sont présentés en tenant compte d’un maximum d’usagers de la langue/

  1. Résultats

Les résultats sont présentés en deux grands points : la définition de l’adverbe et les particules adverbales du buamu.

  • Définition de l’adverbe

Pour Jean-Marcel LÉARD (2014 :5), la définition traditionnelle de l’adverbe selon laquelle c’est un “mot invariable qui modifie un verbe, un adjectif ou un autre, soulève trois problèmes à savoir :

  • « le critère morphologique (mot invariable) est peu discriminant car il vaut pour plusieurs autres catégories ( PRÉP, coordonnants, marqueurs discursifs…) ;
  • l’adverbe accepte plusieurs niveaux et porte sur les trois autres parties du discours (catégories lexicales) associées de façon prototypique à un niveau ( V et ADJ dépendent du N) et secondairement à elles-mêmes (un V-référentiel dépend d’un V, un N-référentiel dépend d’un N) ;
  • l’inclusion de l’ ADV dans sa propre définition (“l’adverbe modifie un autre adverbe”) présente un risque important tant qu’il n’est pas défini avec précision ».
  • Particules adverbales

La particule adverbale précède directement à un verbe auquel elle se prépose. Le corpus étudié a permis de relever trois particules adverbales et leur valeur sémantique. Il s’agit de « tĩ́n, ƙũ̄n et pá ». Chaque particule est présentée puis illustrée.

  • La particule « tĩ́n »

La voyelle de la voyelle de la syllabe porte un ton haut. La particule est donc prononcée avec une hauteur tonale. Cette particule adverbale exprime globalement le temps ; précisément une valeur fréquentative

Exemple :

ò zā tĩ́n jī ì wá            « Son enfant pleure encore »

/son/enfant/particule/progressive/infinitif/pleurer/

 

  • La particule « ƙũ̄n »

La voyelle de la syllabe est marquée par un ton moyen. Le ton moyen exprime une hauteur intermédiaire entre le ton bas et le ton haut. La particule ƙũ̄n exprime une valeur temporelle à nuance répétitive.

Exemple :

ò zā ƙũ̄n jī ì wá lé ?               « Son enfant pleure-t-il de nouveau »

/son/enfant/ particule/progressive/infinitif/interrogatif/

 

  • La particule « pá »

Comme pour la première particule, pá porte un ton haut. Elle exprime une valeur progressive, sinon « continuative ».

Exemple :

ò zā mū jī ì wá                  « Son enfant en question continue de pleurer »

/son/enfant/lui/ particule/progressive/infinitif/pleurer/

 

Les particules adverbales sont invariables et leur seule propriété syntaxique est d’être antéposés à des constituants verbaux qui constituent leurs points d’ancrage. Elles ne manifestent aucun comportement morphosyntaxique définitoire des mots idéophoniques qui sont reconnus comme adverbes ici, les particules ne peuvent être considérées comme étant des adverbes.

  1. Conclusion

Le buamu compte trois particules adverbales qui sont : tĩ́n, ƙũ̄n et pá. Respectivement, elles expriment : valeur temporelle fréquentative, une valeur temporelle à nuance répétitive et une valeur progressive, continuative. Les particules adverbales sont invariables et leur seule propriété syntaxique est d’être antéposés à des constituants verbaux auxquels elles sont fixées pour produire du sens.

  1. Références bibliographiques

Roland BICABA et DIALLO Asséta, (2023), « Quid de la catégorie de l’adverbe en buamu ? », AFLASH, volume 10, numéro 2, Université De Moundou, Tchad.

BICABA Roland. (2020 b). La prédication non verbale du buamu (Langue gur/Burkina Faso). Revue DELLA/AFRIQUE Vol. 2 N° 6, pp. 313-327.

CHOI-JONIN Injo, Delhay Corinne. (1998). Introduction à la méthodologie linguistique Application au français contemporain. Strasbourg : Presses universitaires, 33 p

CREISSELS Denis. (1979). Unités et catégories grammaticales. Réflexions sur les fondements d’une théorie générale des descriptions grammaticales. Grenoble : ELLUG, 209 p

CREISSELS Denis. (1991). Description des langues négro-africaine et théorie syntaxique. Grenoble : ELLUG, 466 p.

LÉARD Jean-Marcel, (2014). « Grammaire sémantique modulaire. Catégories lexicales, référence, prédication », Centre d’analyse et de traitement informatique du français québécois (CATIFQ), 59p.

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