L’Association pour la Défense des Droits des Aides ménagères et Domestiques – Burkina Faso (ADDAD-BF) a ouvert ce lundi 12 septembre 2022 à Ouagadougou, l’atelier de validation et de partage du rapport technique de l’étude sur la documentation des violations des droits des travailleuses domestiques au Burkina. Le thème de cet atelier est donc : « résultats de l’étude sur les droits économiques sociaux et culturelles des travailleuses domestiques en Afrique francophone : cas du Burkina »
Le Centre de Recherche et d’Action sur les Droits Économiques Sociaux et Culturel (CRADESC), basé à Dakar au Sénégal, a mené une étude sur le niveau de respect des droits économiques, sociaux et culturels des femmes et filles travailleuses domestiques à Ouagadougou, dans la capitale burkinabè en 2021.
De façon générale, cette étude visait à contribuer à la réduction de la vulnérabilité des travailleuses domestiques à travers une documentation de la réalisation de leurs droits économiques, sociaux et culturels et à faire l’évaluation de l’efficacité des appuis dont elles bénéficient pour mieux informer le plaidoyer visant leur protection et leur émancipation économique.
Cette étude a été suivie de la rédaction d’un rapport qui, non seulement, détermine le cadre juridique régissant le travail domestique mais évalue le niveau d’application effective de ces règles en fonction de la situation des travailleuses domestiques telle qu’elle ressort de l’enquête menée à Ouagadougou. Les recommandations issues de cette étude constituent donc un levier puissant pour faire le plaidoyer nécessaire pour une meilleure protection des droits des travailleurs/travailleuses domestiques.
Pour donner une suite logique aux activités décrites, le CRADESC, en collaboration avec les partenaires, organise depuis ce matin à Ouagadougou, un atelier de partage des résultats de la recherche sur l’évaluation du niveau de respect des droits des travailleuses domestiques au Burkina Faso. Cet atelier se déroulera suivant une approche inclusive à travers un dialogue régional et communautaire afin d’approfondir la réflexion et de discuter sur les possibilités de mise en œuvre des résultats issus de cette étude. La rencontre verra la participation de plusieurs catégories d’acteurs à savoir les associations d’appui aux travailleuses domestiques, les syndicats, les agences de placement, les travailleuses domestiques, les organisations de défense des Droits des femmes et des enfants et les jeunes leaders communautaires.
Au nombre des difficultés rencontrées par les aides ménagères, Sakinatou Ouédraogo cite entre autres, les abus sexuels, les bastonnades, les injures, les arriérés de salaires.
«Nous vivons dans un autre monde que connaissent certaines jeunes filles. Etant travailleuses domestiques, dans les maisons, nous rencontrons, plusieurs problèmes, difficiles à expliquer à un acteur externe. Nous sommes discriminés. Nous avons eu la chance que plusieurs autres organisations s’intéressent à notre cause, celle des aides ménagères, surtout de l’Afrique de l’ouest », confie Sakinatou Ouédraogo, présidente de L’ADDAD-BF.
Elle remercie CRADESC et les femmes juristes pour leurs engagements et espère que cet atelier comme le précise son objectif principal permettra de valider et de partager le rapport technique de l’étude sur la documentation des violations des travailleuses domestiques du Burkina Faso. Elle demande donc aux autorités, la ratification de la convention 189 de l’OIT, pour plus de travail décent.
« Nous sommes ici au Burkina Faso pour continuer des activités commencées la semaine dernière à Abidjan en Côte d’Ivoire qui
vise la dissémination d’un rapport qui concerne une étude sur 5 pays, notamment la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Mali, le Sénégal et la Mauritanie et qui porte sur la protection des droits des travailleurs migrants. L’objectif, c’est non seulement valider le rapport régional qui a déjà été présenté à Dakar avec tous les partenaires mais en même temps, partager les résultats préliminaires, sur le rapport spécifique portant sur le Burkina Faso », explique Dr Fatima Diallo, présidente du CRADESC. Elle précise que « Cette étude part d’un constat, le travail domestique est le second secteur généralement après le secteur des soins où les femmes sont les plus dominantes. En réalité, elles viennent soit de couches défavorisées ou du monde rural pour se retrouver dans des zones urbaines et vivre dans des situations de précarités assez alarmantes. Ce secteur, il est caractérisé par la faible rémunération, de longues heures de travail, l’inaccessibilité à la protection sociale mais en même temps, les abus, les violences basées sur le genre ».
Les résultats attendus au soir du 14 septembre 2022 sont entre autres, un examen critique du rapport en vue de formuler des suggestions et les recommandations pour mieux illustrer la situation des travailleuses domestiques en Côte d’Ivoire, des opportunités de synergies en vue de mieux porter le plaidoyer en faveur de la protection des travailleuses domestiques au Burkina Faso sont identifiées et un consensus autour de la stratégie d’intervention pour améliorer les conditions de vie et de travail des aides domestiques dans le pays est obtenu.
ADDAD-BF existe dans 09 pays de la sous-région. Selon un rapport de l’OIT de 2021, on dénombrait, en 2018, 59 158 travailleurs domestiques dont l’écrasante majorité (44 512) étaient des femmes, soit plus de 75% de l’effectif total.